mercredi 8 juin 2016

La java des bombes atomiques - face B

Le 9 août 1945, la bombe au plutonium de 4,57 tonnes, "Fat Man" est larguée sur Nagasaki. La bombe manque sa cible, l'usine d'armement Mitsubishi, et explose plus au nord à 11h02 quasiment au dessus de ce qui était alors la plus grande église catholique d'Asie, la cathédrale d'Urakami. En un instant, elle souffle le hameau et tue plus de 60 000 habitants de Nagasaki. La température du sol au niveau du point 0 atteint plus de 3000°C. Tout fut détruit dans un rayon de 1 kilomètre de l'explosion. Les hommes partis à la guerre, la plupart des victimes étaient des femmes, des enfants, des vieillards ainsi que des travailleurs coréens enrôlés de force et des prisonniers de guerre alliés. Les dégâts auraient été encore plus importants si l'usine d'armement avait été frappée. Contrairement aux plaines d'Hiroshima et au port de Nagasaki, les collines autour de la vallée touchée ont un peu protégé les faubourgs des alentours.

Pour prendre pleinement conscience de ce dramatique moment de l'histoire, nous nous sommes rendus sur les nombreux sites existant pour entretenir la mémoire. Au musée de la Bombe atomique, la destruction de la ville et la mort de ses habitants sont illustrés par des photos, des arbres déchiquetés, des objets personnels calcinés, des vêtements en lambeaux... sans oublier les effets de l'irradiation sur les survivants.

Une horloge arrêté à l'heure de l'explosion 
Une réplique de la bombe, assez impressionnante
Mémorial national de la paix pour les victimes de la bombe A
Le musée de la bombe A
La colonne qui marque le point zéro 
En voyant ce paysage, on a dû mal à imaginer le chaos qui y régnait il y a 70 ans

Cette tragédie peut le faire oublier mais Nagasaki est aussi une ville agréable. Nous avons même trouvé certains de ses quartiers très charmants, ce qui est assez rare ici pour le souligner. Nagasaki a par ailleurs eu une histoire intéressante, elle a même joué un rôle crucial dans l'émergence du Japon moderne. Au XVIème siècle, Nagasaki est devenue un port riche où faisaient halte les commerçants portugais entre le Japon, la Chine et la Corée, la ville était alors le principal lien du pays avec l'Asie et l'Occident. Pendant ce temps-là, tel un corollaire inéluctable, des missionnaires jésuites convertissaient les habitants. Plus tard, le shogun finit par être mécontent de toute cette chienlit chrétienne et le fait savoir, les Jésuites sont expulsés, des Européens et des Japonais convertis crucifiés. Le christianisme est finalement interdit en 1613. Le soulèvement de Shimabara en 1637 a débouché sur la période de sakoku, soit l'isolement total du pays pendant deux siècles: l'accès au Japon était barré à tout étranger et le voyage en dehors du pays interdit aux Japonais. L'unique exception a été Dejima, une île artificielle du port de Nagasaki où des commerçants hollandais vivaient sous haute surveillance. Quand le Japon a rouvert ses portes à l'Occident dans les années 1850, Nagasaki, avec son bon emplacement, était la place toute trouvée pour développer la construction navale, un secteur qui lui a donna un poids économique important... mais qui signa aussi un siècle plus tard son arrêt de mort.

La Nakashima-gawa est traversée par de jolis ponts en pierre du XVIIème siècle. Ici, le plus connu, le Megane-bashi, le pont aux Lunettes, ainsi nommé parce son reflet dans l'eau fait penser à une paire de lunettes.


Dans le quartier très showa (comprenez vintage) de Shianbashi 
 L'île de Dejima est devenue un musée...
... et n'est plus une île, l'urbanisation l'a vite rattrapée!


Après ce passage par Nagasaki, nous reprenons la route pour la péninsule de Shimabara et plus exactement du parc national d'Unzen-Amakuza. En 1991, le parc a tristement marqué l'actualité avec l'éruption de l'un de ses volcans qui a tué une quarantaine de journalistes et scientifiques dont les volcanologues Katia et Maurice Kraft. L'éruption a ainsi duré jusqu'en 1995 et les nombreuses nuées ardentes ont détruit une grande partie de la ville Shimabara, située en contrebas. Une sérieuse menace volcanique continue d'ailleurs de planer sur cette petite ville.

Arrivés au village d'Unzen, nous ne perdons pas une minute, nous achetons des bentos pour le casse-croûte et tentons avec succès le stop pour nous rendre jusqu'au col de Nita, le point de départ de notre balade. D'emblée, l'émerveillement est là, si nous avions loupé le coche pour le sakura, la floraison des cerisiers, nous nous rattrapons bigrement avec le shakunage, celle des azalées.





Notre objectif est de partir à l'assaut du mont Fugen, 1359 mètres d'altitude... Son altitude n'a effectivement rien à voir avec les Andes mais nous sommes tellement rouillés que nos muscles attrophiés par les trois mois assez amollissants passés en Asie du Sud-Est ne sentent pas vraiment la différence.

Depuis quelques jours, Stéphanie commençait à être déçue par le Japon, trop de villes laides, manque de belles campagnes... Ce bel endroit et Nagasaki marquent clairement le début de sa réconciliation avec le pays! Quant à Nicolas qui avait visité le pays auparavant, il avait déjà connu cette déception initiale et savait donc un peu plus à quoi s'attendre.







Le dôme de lave fumant du Heisei Shinzan né pendant l'éruption des années 90

Ça y est, on est arrivés au sommet!



Le lendemain matin, nous visitons les jikogu (les "enfers") du petit village d'Unzen, des sources minérales bouillonnantes. Ambiance satanique garantie! Dans l'une d'entre elles, l'Oito Jigoku, 30 martyrs chrétiens y ont d'ailleurs été jetés!





Bloup, bloup... on vous fait le son!

Puis, nous prenons à nouveau le bus jusqu'à Shimabara où un ferry nous attend pour Kumamoto. La ville a été frappée par la série de séismes qui ont eu lieu en avril dernier. De notre bus, nous nous attendions à voir une ville sens dessus dessous, nous ne verrons finalement que des bâches posées ça et là sur quelques toits. En revanche, le château de Kumamoto, l'un des plus impressionnants du pays, semble s'en être moins bien tiré. Notre visite de la ville se limitera à ce passage en bus, nous enchaînons directement sur un long trajet pour la ville de Shimonoseki qui marque notre retour sur la principale île, Honshu.





Ce n'est qu'un au revoir...

2 commentaires:

  1. Bonjour!C'est Minoru.Merci votre lecon privee de francais a Norikura.Vous etes encore la?Je souhaite que vous passiez bonne vacance au Japon.Au revoir!

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  2. Konnitchiwa Minoru! Nous sommes à Tokyo jusqu'à dimanche matin et après nous partons pour de nouvelles aventures! Nous avons passé de bonnes soirées avec toi! Bon courage pour le français et sa grammaire difficile!

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