jeudi 24 décembre 2015

Rio, ses caïpirinhas, ses plages, ses braquages...

Notre dernière étape du voyage nous a conduit à Rio de Janeiro. Quelques jours au soleil en bord de mer devaient nous permettre de nous reposer un peu avant d'attaquer le marathon gastronomique de Noël.

26 heures de bus plus tard, nous débarquons dans le charmant quartier de Santa Teresa, situé sur une colline au dessus du centre. Nous logeons chez l'habitant et sommes rapidement charmés par l'ambiance de ce quartier aux vieilles maisons colorées et aux nombreux petits bars à l'atmosphère chaleureuse. Pour nous mettre dans l'ambiance, nous nous buvons deux caïpirinhas dans un petit troquet. Le barman a la main lourde sur la cachaça et nous sommes rapidement très très détendus...




Le lendemain, tout guillerets, nous partons nous promener dans le centre-ville, et l'ambiance de notre séjour évolue un petit peu. En pleine journée, à 100 mètres de la cathédrale, nous nous faisons sauter dessus par trois hommes armés d'un énorme couteau de chasse à la crocodile Dundee. Nicolas a le couteau à 10 centimètres des yeux et, comme il n'avait pas eu le temps de faire sa formation Bruce Willis, nous ne faisons pas les malins et ils emportent nos sacs avec l'appareil photo et quelques bricoles. Plus de peur que de mal, mais nous avons désormais beaucoup moins d'enthousiasme pour visiter la ville. Notre hôte est surprise, dans ce quartier, en plein jour, avec les looks que nous avons (à ce stade du voyage, nos vêtements sont plutôt du genre shorts usés et T-shirts troués) et un vieux sac dans lequel l'appareil était caché, il y avait peu de chance que cela nous arrive... eh ben si!

Donc pour les photos de Rio, il faudra vous contenter des trois du début!

Nous sommes quand même allés nous promener au Pain de Sucre et sur les plages de Copacabana et d'Ipanema. La vue du Pain de Sucre est jolie mais montre bien à quel point les hommes ont, encore une fois, ravagé un paysage magnifique pour faire de l'argent dans l'immobilier. Les constructions toutes plus laides les unes que les autres longent le front de mer et les belles plages de sable.
Une journée sur la plage d'Ipanema écornera sérieusement le mythe de la belle brésilienne. Le développement du fast food et de l'industrie agroalimentaire bas de gamme produisent leurs effets...

La plus grande douche du voyage

Avant-dernière étape de notre balade sur les continents américains, nous voilà à la frontière avec le Brésil pour venir admirer un fabuleux spectacle, comme seule la nature sait en proposer, les chutes d'Iguazu. Le rio Iguazu, puissante rivière longue d'environ 1000km, coule sur un plateau basaltique qui s'arrête quelques kilomètres avant que le rio Iguazu se jette dans le rio Paraná, encore plus grand. Les chutes se sont formées au bord de ce plateau basaltique. Elles s'étendent sur environ 3 kilomètres de long et l'ensemble compte environ 275 chutes, certaines énormes et groupées, d'autres solitaires et surgissant de la forêt.
 
Une balade côté brésilien permet de beaux points de vue sur l'ensemble, mais les Argentins ont aménagé beaucoup plus de chemins et passerelles qui permettent de nombreux points de vue, en haut, en bas, au dessus, dans la forêt ou quasiment sous une chute, l'expérience y est plus impressionnante. A cette période de l'année, les pluies abondantes gonflent la rivière et certaines chutes situées dans une gorge, la gorge du diable, disparaissent dans le nuage d'embruns et un vacarme assourdissant. La couleur de l'eau, très marron, a une histoire un peu moins réjouissante. Il y a encore 50 ans, l'eau était bleue et transparente quelle que soit la saison, mais, depuis quelques décennies, la déforestation intense, pour cultiver du soja, fait que les pluies tombent sur un sol nu ou presque et génère une érosion intense. La rivière charrie donc des tonnes de sédiments et se retrouve toute marron. Encore une fois, nous tenons à remercier les producteurs de soja OGM pour leur contribution précieuse au bien être de la planète...
 





 


 
Ah, enfin une bonne douche avec du débit!
 
La forêt tropicale recèle également bien des merveilles, dont nous n'avons eu qu'un petit aperçu, déjà suffisant pour nous charmer !


 
Une fourmi qui vous semble banale, sauf qu'elle mesure au moins 3 centimètres!
 

Un coati, très mignon en photo mais très agressif s'il voit de la nourriture!



La coupe en brosse est à la mode chez les singes

Nous préférons le foie gras, mais il en faut pour tous les goûts!
 





La petite bête sur le gros bête... euh la grosse bête!



 

samedi 19 décembre 2015

Sur les pas de Robert...

Depuis le début de notre voyage, nous sommes intrigués par ce qui fut l'une des plus grandes expériences sociales de l'histoire qu'a connu l'Amérique latine, à savoir les missions jésuites. Ça tombe bien, notre itinéraire passe par Misiones, la province au sol rouge, située tout au nord-est de l'Argentine et qui doit son nom aux missions jésuites qui la parsèment. Trente ruines de missions jésuites des Guaranis peuvent ainsi être visitées sur la zone frontalière entre l'Argentine, le Paraguay et le Brésil. Des missions jésuites existent également dans l'est de la Bolivie, elles s'intéressaient quant à elles aux communauté de Chiquitos.
C'est ainsi que pendant un siècle et demi à partir de 1609 que les jésuites ont fondé dans des régions isolées des missions, aussi appelées réductions, où ils ont installé des communautés de Guaranis afin de les évangéliser et de les éduquer, tout en les protégeant de l'esclavage (des bandes armées brésiliennes lançaient régulièrement des raids afin de capturer des esclaves pour les plantations de canne à sucre) et des travers de la société coloniale. Les jésuites se sont intéressés à la culture des Guaranis en apprenant leur langue, sans leur imposer la langue espagnole, et en s'adaptant à leur organisation sociale et en instillant les principes catholiques pour changer quelques coutumes comme la polygamie ou le cannibalisme. Chaque famille, devenue monogame, recevait une maison et les enfants étaient scolarisés. Tous les habitants de la mission étaient apparemment libres et pouvaient donc la quitter pour vivre une autre vie s'ils le souhaitaient.
En règle générale, une mission s'organisait autour d'une grande place, dominée par une église, le colegio, la résidence des prêtres et le cabildo, une sorte de conseil municipal où vivait le chef choisi par les Guaranis, qui gérait leurs affaires internes. Mais bien évidemment, la direction de la mission restait entre les mains des prêtres, une sorte de démocratie dirigée... Les maisons des Guaranís, disposées en rangées, occupaient le reste de l'espace. Avec le développement des missions, de magnifiques églises baroques ont ainsi vu le jour, rivalisant de beauté avec celles construites en Europe.
Ces communautés étaient autosuffisantes. Les Guaranis avaient appris l'agriculture et chaque famille labourait sa propre terre et une terre commune destinées aux veuves et femmes abandonnées, la CSG avant l'heure. Les Guaranis ont adopté l'art et la musique qu'on leur enseignait, et en mêlant le style européen au leur, ils ont créé un nouvel art qui se manifesta à travers de magnifiques scultuptures, peintures et autres musiques. Les communautés avaient également leur propre armée pour se défendre des attaques. A leur apogée, les missions jésuites des Guaranis comptaient 100 000 Guaranis.
En les privant d'une main d'oeuvre corvéable à merci, autant dire que les jésuites ne se sont pas fait beaucoup d'amis auprès des autorités coloniales espagnoles et portugaises... Suivant l'exemple du Portugal et de la France, Charles III finit par bannir les jésuites des territoires espagnols en 1767. Avec le départ des prêtres, les communautés se sont délitées et sont reparties vivre en nomades dans la forêt. L'abandon, les guerres se sont alors chargés de leur destruction progressive.
Vous nous connaissez, loin de nous l'idée de faire l'apologie des jésuites. Mais, nonobstant cette manie de l'évangélisation, cette utopie de faire passer l'homme avant le profit est suffisamment exceptionnelle pour être saluée.

Après les explications, passons aux visites. Tantôt sous un soleil de plomb, tantôt sous des trombes d'eau, nous avons visité les ruines de deux missions.

La première a été San Ignacio Miní. Fondée en 1611 au Brésil puis abandonnée suite à des attaques de marchands d'esclaves, la mission s'établie sur son site actuel en 1696 et a fonctionné jusqu'à l'expulsion des jésuites. Jusqu'à 4000 Guaranis y ont vécu. Les ruines de cette mission sont les plus complètes. Les restes de l'église sont tout simplement superbes.
      
Malgré la belle couleur de la pierre, l'église était peinte en blanc
      
    
  




Les missions du Paraguay seraient parmi les plus belles et les mieux conservées. Qu'à cela ne tienne! Nous avons donc traversé la frontière pour découvrir ces trésors.

Construite en 1712, Trinidad serait la plus grande de toutes les missions jésuites. Contrairement aux missions argentines, beaucoup d'éléments décoratifs ont résisté dans la mission de Trinidad. Les ruines de l'église sont ici grandioses.

Au loin, l'église
        
Des restes de maisons de Guaranis

Nous aimons pas trop beaucoup ça, nous préférons quand c'est un peu trop plus moins gris...
    




Piégé par la pluie


En version européenne
En version guarani
Après cette première visite, nous devions visiter les ruines de la mission Jesús de Tavarangüe situées un peu plus au nord. Une pluie torrentielle est venue perturber nos plans. Nous sommes donc vite rentrés dans notre pays depuis un mois, l'Argentine.
Cette petite escapade au Paraguay a tordu le coup aux idées reçues que nous avions. Nous pensions en effet que ce pays était sans intérêt alors qu'en réalité, il recelle bien des beautés naturelles; le tout sans le moindre touriste à l'horizon et des niveaux de prix assez dérisoires. Mais vu les efforts fournis par les autorités en matière de développement touristique, on vous fiche notre billet que les jours tranquilles du Paraguay sont plus que comptés!

Et Robert dans tout ça? Il s'agit d'un clin d'oeil au film Mission qui relate les derniers jours des missions jésuites. Il a été tourné dans le national d'Iguazu, et son personnage principal, le prêtre Rodringo Mendoza est justement interprété par un certain... Robert de Niro!

Certes, le titre est un peu tiré par les cheveux mais une chose est sûre: ces visites nous ont donné envie de revoir cet excellent film... enfin après l'épisode VII de Star Wars!


Pour finir, des photos insolites pour les Européens que nous sommes:


Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire? Il fait chaud, nous sommes en short et ils nous mettent les décorations de Noël !
 


Aux bons airs du Tango

Allez savoir pourquoi mais l'idée de remonter la Patagonie pendant une quarantaine d'heures dans un bus ne nous tentait pas beaucoup, nous avons donc cédé à l'appel du réacteur! Et hop, sans transition, nous sommes ainsi passés à Buenos Aires, et son climat doux et humide, ses énormes avenues et tout son remue-ménage de voiture.

D'emblée, nous sommes baignés dans ce fameux style de vie argentin que nous avions tant recherché et qui nous avait tant fait défaut. Notre auberge de jeunesse dégage une atmosphère agréable et son personnel est cool, prompt à donner des tonnes d'infos utiles. Le soir de notre arrivée, nous mangeons dans un restaurant avec du charme et rempli de vrais gens du pays, et non pas de touristes... Comme ça fait du bien!

Après cet enchantement de l'arrivée, nos deux premiers jours à Buenos Aires n'ont pas été des plus extraordinaires: Nicolas est malade, il n'a plus de voix et il pleut à fortes gouttes la plupart du temps. Entre deux averses, nous faisons aussi le tour des agences de ferry pour traverser le rio de la Plata et visiter Colonia del Sacramento, une petite ville uruguayenne très charmante à ce qu'on dit. Encore une fois, les prix sont exorbitants et les personnes qui en reviennent ne semblent pas plus emballés; Colonia, ce ne sera donc pas pour cette fois-ci.
Les jours suivants ont été plus sympathiques. La découverte de la ville et de ses monuments, la flânerie au gré des quartiers et le chinage, le tout sous le soleil, étaient notre seul et unique programme. Assez vite, Buenos Aires nous est quand même apparue comme une ville à vivre, et pas plus que ça à visiter.

Tous les jeudis à 15h30, les mères de la place de Mai se retrouvent pour réclamer justice. Dans un autre coin de la place, on milite pour une autre cause: la dépénélisation du cannabis... Autre temps, autre combat.

  
Le théâtre Colón

Le palais Barolo dont les plans s'inspireraient de la Divine Comédie de Dante...c'est comme qui dirait conceptuel!

L'Obélisque, symbole de la ville. Il est situé sur l'avenue 9 de Julio, la plus grande du monde...nous avons compté, pas moins de 15 voies!
Le Palais du Congrès, légèrement inspiré par celui de Washington

Le Cabildo, l'ancien hôtel de ville devenu un musée

La Casa Rosada, le palais présidentiel qui a cette particularité d'avoir la même couleur que du papier toilette

Evita est partout, même sur les murs! Besoin de mythe quand tu nous tiens...
Le cimetière de La Recoleta, présenté comme un endroit extraordinaire par notre guide de voyage... Certes, il y a de grandes tombes mais ça reste quand même un cimetière!

Ah oui, c'est vrai, la tombe d'Eva Perron s'y trouve
Ça chine au marché d'antiquités du très charmant quartier de San Telmo


Ça tangote aussi!

Et puis ça s'amuse à prendre des photos des beaux stands
... beaucoup de photos!


Dans un café notable de la place Dorrego
   
Dans le très coloré et très touristique quartier de La Boca
 

Dans le Caminito, la rue la plus célèbre de La Boca... et on se demande un peu pourquoi.

Le quartier n'étant pas d'un intérêt fou, nous faisons donc illusion avec des photo de détails...

Au passage, nous nous laissons tenter par une parrillada, un barbecue à l'argentine. Comme prévu, le repas fut gargantuesque! Et aussi très gras, beaucoup trop gras ou quand la quantité est privilégiée au détriment de la qualité. Mais le restaurant, par ailleurs fortement recommandé, ne désemplit pas... Mauvaise pioche ou appétence des Argentins pour le gras?

Mmh Charaaal!

Avant de partir, il nous restait encore une chose à faire: suivre un cours de tango dans une milonga (endroit où l'on danse le tango). Au bout d'une heure trente de cours, notre conclusion est la suivante: cette danse est bien difficile, surtout quand Stéphanie, en bonne féministe, a du mal à se faire à l'idée que le tango considère la femme comme la suiveuse et l'homme, le leader...
Après le cours, place au concert et au bal! Nous avons pu admirer les habitués de l'endroit improvisant leurs pas tout en délicatesse aux rythmes endiablés des bandonéons.

Au milieu du bal, un couple de performeurs vient faire le show

...  Et quel show!