dimanche 24 juillet 2016

Petit pastiche de Sappho...

A Lesbos
Séjour contraint des réfugiés échoués
Nous suivons la route de la beauté
Battant nos pédales à coups pressés
A travers l'île, entre monts et vallons

La forteresse de Mytilène 


Des oliviers par milliers!

Sur le chemin du retour, ça monte fort sans Nelson!

Laisse-moi zoom zoom zang sur ton bike bike bike!

A Mytilène comme à Méthymne
Nous nous offrons des mets de joies,
Et dans les coupes et les assiettes, gracieusement,
Se versent l'ouzo et la retsina 
A leurs côtés, trônent la fava, la feta, le tzatziki, les sardines et autres délices

Ici, les tomates sont énooormes!




Juste avant le but fatal de la finale de l'Euro!

Une onde tout juste fraîche chante sous les branches des oliviers
Les cailloux des grèves dansent sous nos pieds
Et des vagues qui tirent leur révérence
Coule une agréable somnolence

Aïe, j'ai mal aux pieds!


Dans ses tourments, la nature a pétrifié la forêt
Mais la perfide union a fermé son parc
Restent les belles forteresses de pierres
Et les villages où des ruelles ombragées
La glycine exhale son doux parfum

Dans le port de Mytilène 

Au détour d'une rue, un local de Syriza un peu endormi (depuis sa capitulation face à la perfide Union?...)
Le très beau village de Méthymne aussi appelé Molyvos 






Lors de notre balade, en voiture cette fois-ci, nous croisons plein de charmants villages

A l'ouest de l'île, les oliviers ont déclaré forfait sur ces terres balayées par des vents à décorner les boeufs
Lesbos possède l'une des plus grandes forêts pétrifiées du monde mais coupes budgétaires obligent, le parc a été fermé, nous nous contenterons donc du musée...


Le village de Petra et son improbable chapelle juchée sur un rocher 

vendredi 15 juillet 2016

Le dernier film des frères Dardanelles

Longtemps attendu, "Détroits" le dernier film des frères Dardanelles est sur les écrans! Ô surprise, les deux frères ont mis de côté la chronique sociale sous la grisaille belge pour nous emmener dans un road movie réchauffé par le soleil méditerranéen. La révolution du spéculoos serait-elle en marche ? Non, que les fans se rassurent, si le café turc a remplacé le chocolat liégeois, les deux frères n'ont pas tout sacrifié à l'exotisme, en témoigne le choix du vélo comme moyen de locomotion, et leur approche cinématographique reste basée sur un synopsis assez simple que les improvisations des acteurs enrichissent. Là encore, fidèles à leurs habitudes, les frères Dardanelles ont fait appel à de jeunes acteurs, Stéphanie et Nicolas, inconnus du grand public, si ce n'est quelques lecteurs d'un obscur blog.

Plutôt que de faire une critique en bonne et due forme du film, les Post-it du cinéma ont également décidé de faire preuve d'un peu d'originalité et de laisser les deux acteurs principaux raconter la balade qui sert de base au film. Laissons-les nous raconter ça :

"Nous partons d'Istanbul en bateau pour rejoindre Bandirma, située sur la rive sud de la mer de Marmara. Nous nous voyions déjà sur le pont du bateau, regarder la ville et le Bosphore s'éloigner peu à peu, comme l'aurait fait Pierre Loti mais... le monde moderne offre une réalité un peu différente... Nous nous retrouvons sur un ferry rapide où les passagers sont enfermés et condamnés à regarder des écrans de télévision plutôt que de regarder la mer depuis un pont... Quel progrès !

L'heure du départ a sonné 
Arrivés à Bandirma en fin d'après-midi, nous commençons à rouler. La route est une nationale pas trop passante et nous profitons de très belles vues des paysages côtiers sous le soleil du soir. Au crépuscule, après une quarantaine de kilomètres, nous croisons un couple de cyclotouristes allemands, en route pour l'Iran, avec qui nous décidons de camper. Une ferme industrielle de plus de 2000 hectares de fruits nous autorise à planter la tente entre la niche des chiens et le poste de garde. C'est la période du ramadan et nous sommes invités à partager le repas du soir de la cinquantaine d'employés qui logent sur le site. Nous nous régalons et discutons avec les quelques employés parlant un peu anglais. La nuit est moins agréable puisque ces abrutis de chiens aboient la moitié de la nuit et sont relayés par la sono de la mosquée de la ferme pendant les temps morts. Toujours fâchés avec les religions et une partie des canidés, nous nous levons à 5h30 pour pédaler lorsqu'il fait bon.

Stéphanie dans sa quête du maillot à pois !

Avec Tarek et Lea, les seuls autres cyclotouristes croisés en Turquie 
La route est assez plate et, après une soixantaine de kilomètres nous faisons notre pause du milieu de journée à Çan, à l'ombre sous les platanes. Lorsque, vers 17h, la chaleur est redevenue supportable, nous repartons par une montée abrupte puis dans la descente suivante, le pneu arrière de Stéphanie crève. Ça suffit pour aujourd'hui et nous décidons de nous arrêter là pour réparer et camper dans un joli champ.

Encore quelques coups de pédales et on y est !

Pendant que Nicolas répare...
...Stéphanie cuisine. On aurait presque l'air conservateurs !

Pour rejoindre Çanakkale, quelques jolies montées se succèdent mais une sympathique gargotte située au col nous offre un festin et les paysages sont sympathiques.







Deux jours de repos à Çanakkale furent insuffisants pour profiter pleinement de cette ville très agréable et dynamique située à l'endroit le plus étroit du détroit des Dardanelles.




Montée en vue droit devant, on prend à droite et on l'évite?


Stéphanie ne perd pas une once de gourmandise !


Nous mettons ensuite le cap au sud, longeant la côte, pour rejoindre les ruines de Troie, une étape sur laquelle nous étions très à cheval. La ville ayant été construite, détruite puis reconstruite sur les ruines un certain nombre de fois, le site se lit comme un millefeuille.  De jolies petites routes serpentant entre les oliviers et les champs de blé nous conduisent alors dans une petite station balnéaire où un violent orage nous incite à dormir entre les murs d'un petit hôtel.


Nicolas se prend pour un guerrier grec! 
L'assemblage n'est peut-être pas aussi fin que celui des Incas mais remonte à la Troie de l'Illiade, il a environ 3000 ans !


Ces pierres datent de la première ville de Troie, ce mur a donc environ 5500 ans!

Un ajout de l'époque romaine 
De nombreuses cigognes passent l'été ici 
Petite station balnéaire en face de l'île de Bozcadaa

Le lendemain, la route continue de traverser de jolies collines couvertes d'oliviers et de champs de blé mur. Sans croiser une seule personne, nous visitons une partie des ruines d'Alexandrie de Troie, une ville importante à l'époque romaine, perdues dans la campagne, un moment savoureux ! La campagne turque ressemble terriblement à la France des années 1980, des Renault 9 et Fiat rythmo parcourent les petites routes qui relient des villages où de vieilles épiceries tenues par des vieux côtoient les troquets où les hommes boivent un café.





Tomates et simit, le pique-nique à la turque !
6 heures de pause pour attendre que la chaleur retombe, on s'occupe !
Chambre avec vue, terrasse et jardin, le grand luxe est gratuit !

Après une nuit dans la garrigue peu après le joli village de Gülpinar, la route continue à travers les collines côtières et les villages nichés au creux d'une combe ou accrochés à la pente. La mer et les montagnes de Lesbos apparaîssent de temps à autre, au gré des virages. Après une longue pause à l'ombre en bord de mer mais payante parce qu'à cet endroit le littoral est entièrement privatisé, nous rejoignons la "civilisation", incarnée par une grande route qui longe le littoral. On y retrouve le meilleur de la société avec les promoteurs qui ont bétonné tout le littoral d'immeubles sans aucun charme, les hordes d'habitués qui y passent toutes leurs vacances, alors que les alternatives plus charmantes et moins chères sont légions, et les abrutis du volant qui se sentent des hommes, des vrais, parce qu'ils ont dépassé un cycliste... Pourtant, nous garderons un excellent souvenir de la soirée puisque nous tombons sur une bande de cyclistes cinquantenaires turcs très sympas. Ils nous trouvent un emplacement pour planter la tente à côté d'un bar sur la plage et passent la soirée avec nous à jouer de la guitare, boire du thé et discuter. L'occasion de constater à quel point il est difficile pour eux de voir le gouvernement d'Erdogan et sa clique de réactionnaires détruire la Turquie moderne et relativement sécularisé des héritiers d'Atatürk.




Lesbos est à quelques kilomètres de la côte turque 
Assos, un beau village que nous ne visiterons pas vue la chaleur et les pentes pour y monter!






Pour finir ce petit passage en Asie mineure, nous mettons le cap sur Ayvalik, une très jolie petite ville située en bord de mer. Ancien port important jusqu'au XIXème siècle, la ville peuplée majoritairement de Grecs fut vidée de ses habitants lors de l'échange de populations des années 1920. La ville déclina tranquillement mais son superbe patrimoine architectural, bien qu'ayant encore besoin de rénovation, en fait une destination touristique importante pour les Turcs. Les touristes étrangers se comptent pourtant sur les doigts de la main, préférant rôtir dans les hôtels de Bodrum.







Fantômas? Non, Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne, présent dans toutes les maisons. 

Enfin, délaissant les vélos, nous renouons avec les bus locaux pour aller visiter l'acropole de Pergame. Nous avons le site quasiment pour nous tous seuls, croisant un groupe de Chinois qui, fidèles à eux-mêmes, restent 10 minutes et prennent 300 selfies, et quelques rares autres personnes.









Après un dernier kebab, nous avons pris le ferry pour quelques jours de vacances en Grèce."

Et voilà le trajet !
Et pour trouver plus de critiques de films, des interviews, des analyses, rendez-vous sur le site des Post-it du cinéma.