mardi 23 février 2016

Ici pas de bière, on est Kalaw!

Sur la route menant au lac Inle, nous décidons de faire une halte à Kalaw (prononcez Kalo), une petite ville perchée sur le plateau shan à 1300 mètres d'altitude. Tous les cinq jours, Kalaw accueille un important marché qui sillonne la région et s'organise en fonction du calendrier lunaire. Ce fut l'occasion de se mêler à l'agitation du marchandage, de sentir des odeurs inconnues de nos narines européennes, et enfin de voir des femmes des tribus montagnardes voisines comme les Pao reconnaissables à leur tenue noire et leur turban souvent de couleur orange.



Le salon Franck Provost de Kalaw

Une vendeuse pao
   


       

La ville est surtout connue pour être le point de départ de la très populaire randonnée rejoignant le lac Inle. Nos différentes lectures nous invitent à opter pour un itinéraire dans les environs de Kalaw, apparemment moins fréquenté et plus joli si ce n'est plus...

Mais patatras! Stéphanie ne se sent pas bien, elle consulte un médecin, sa tension est faible, elle doit se reposer et boire des solutions made in Pakistan pour se requinquer. Au bout de deux jours, la voici fraîche comme un gardon, la balade peut donc commencer!
Pour cette randonnée, nous n'avons pas d'autre choix que de passer par une agence locale, faute de cartes, le guide est indispensable. Notre guide sera une jeune palaung (autre tribu des alentours) se prénommant Nan Kaung. Nous serons également accompagnés d'une française en retraite, Martine.

Très vite, les petites déceptions commencent. Nous sommes précédés et suivis par des troupes de touristes, tant pis pour l'expérience into the wild! Les paysages sont secs, tant pis pour les belles terrasses de rizières verdoyantes! La guide, ne parlant pas très bien anglais, se comporte plus comme une éclaireuse que comme une guide, tant pis pour les explications! Et au bout de quelques heures, un simple regard échangé entre Stéphanie et Nicolas suffit pour que le jugement tombe: Martine est une casse-bonbon, tant pis tout court!

Des rizières asséchées


On comprend mieux la lenteur du train birman

Des feuilles de thé





Et puis, après une petite pause thé, quelques scènes plus intéressantes s'offrent enfin à nous.

La recette du thé birman: un soupçon de thé noir et beaucoup de lait concentré très très sucré
       

Des rizières en terrasse toujours aussi asséchées




Qui dit petite agriculture, dit bien évidemment bio! Hum...

Ici, en attendant la mousson, le riz a fait place à l'ail



Plus tard, nous arrivons au village de Set Kya Kone appartenant à la tribu Danu (des lointains cousins de la tribu de Dana?). Une famille d'agriculteurs, U Than Oo et Daw Loon ainsi que leurs cinq enfants nous accueuillent chez eux pour la nuit. Nous avons de la chance, c'est la première fois qu'ils accueuillent des touristes, notre présence suscite par conséquent de l'intérêt. Un feu est alors allumé et une discussion s'improvise, notre guide assurant la traduction. L'émission et la réception ne se rencontrent pas toujours mais à coups de sourires et de regards amusés, le courant passe. Les questions fusent surtout de notre côté, elles tournent autour de leurs récoltes, leur quotidien, leur culture, leurs origines... Nous les invitons à nous en poser à leur tour mais vraisemblablement, ce n'est pas trop leur truc.

Après un bon repas, il est l'heure d'aller se coucher! La nuit sera fraîche et le lit bien dur, et pour cause, ce sera le plancher!
 


Nicolas sur son lit. Au-dessus, un petit autel comme dans toute maison birmane

Stéphanie et notre hôte devant sa maison traditionnelle, sur pilotis et en bambou tressé

Le lendemain, nous finissons notre boucle. Les paysages ne sont pas d'une beauté incroyable mais ce n'est pas grave, l'essentiel a déjà eu lieu la veille avec ce beau moment passé dans cette famille.


Vue de la pagode du village dans lequel nous avons dormi. Ce sont bien des pins que vous apercevez!

Dans un village, quelques personnes font sécher des piments

L'instant tendresse
A la mode de chez nous

jeudi 18 février 2016

Quand le temple va, tout va !

Pour notre deuxième étape de notre virée en Birmanie, nous avons choisi d'aller où tout le monde va, et ce n'est peut-être pas un hasard, voir les temples de Bagan.
6 heures de bus dans la campagne birmane nous ont permis de faire quelques observations: 
le paysage est une savane sèche plus ou moins arborée, parsemée de champs de cultures inconnues ou plus habituelles chez nous, comme des tournesols.
Le génie civil birman est encore perfectible et les fondations de la route bougent rapidement, beaucoup de bosses sur la route...
Le code du travail birman, s'il existe, doit tenir sur un post-it et ferait sans doute plaisir à tous les exploiteurs. On voit beaucoup d'enfants travailler et de très jeunes femmes se ruiner la santé en coulant de l'asphalte dans des conditions dignes des romans de Zola.
Les chauffeurs roulent comme des brutes, mais ça n'a rien de spécifiquement birman !

Nous avons "l'agréable" surprise de découvrir que l'auberge que nous avions réservée la veille est entretenue par un personnel dont la moyenne d'âge doit avoisiner les 14 ans... Ils sont tous très sympas et font un super boulot, mais nous préfèrerions les voir à l'école.
Le lendemain nous partons nous balader dans les environs, voir les vieilles pierres. Parce que Bagan c'est avant tout un site assez incroyable, abritant plus de 2000 stupas et temples bouddhistes sur 42 kilomètres carrés. À l'origine de ce site, l'histoire de la conquête du royaume Môn, inventeur de l'alphabet birman, par des mongols de l'Himalaya, les Birmans. Les Birmans, descendus de leurs montagnes à cheval, commencent à casser les pieds aux Môns à partir du VIIIème siècle après JC et, sans tâtonner, finissent par prendre la capitale Môn, Thaton en 1057. Le butin est énorme et semble donner une grande aisance financière aux Birmans qui se lancent dans une frénésie de construction. Au début du XIIIème siècle, la fièvre retombe et les archéologues estiment que le site comptait environ 4000 édifices. Les Mongols, emmenés par Qubilaï Khan, le petit fils de Gengis Khan, prennent le site en 1287 et la prestigieuse cité se vide de ses habitants. Les tremblements de terre, les moussons et les multiples crues de l'Irrawaddy qu'elles engendrent, détruisent une bonne moitié des édifices; on ne s'en plaindra pas vraiment, vu tout ce qu'il reste ! Heureusement, la junte avait le sens de la protection des monuments, en 1990 elle vire tous les habitants du village situé sur le site pour mieux le protéger... et surtout libérer la place pour construire des hôtels de luxe ! Attachés au bien-être des habitants, la junte avait prévu des "hébergements gratuits" pour ceux qui avaient du mal à accepter le changement... au chaud en prison !

Pour profiter du site, impossible de louer un véhicule motorisé autre qu'un e-bike, une sorte de petit scooter électrique, la faible autonomie de l'engin éviterait-elle aux touristes d'aller voir autre chose ? Nous ferons donc du e-bike chinois !
 

Nous retrouvons avec plaisir Caroline et Romain, un couple de français que nous avions rencontrés en Bolivie et à qui nous avions donné rendez-vous au bord du lac Baikal, mais finalement en Birmanie c'est bien aussi ! Nous commençons à nous promener dans la campagne et nous arrêter un peu au hasard pour visiter les temples. Nous en trouvons un sympa et tranquille sur lequel il est possible de grimper, parfait pour le coucher de soleil !







Le lendemain nous continuons la balade et constatons à nouveau que l'iconographie et la statuaire bouddhiste se limitent souvent à Bouddha, décliné sous toutes ses formes: le bouddha assis, le bouddha sévère, le bouddha qui sourit, le bouddha blanc, le bouddha aux pommes, le bouddha siette...

Nous finissons par un coucher de soleil depuis la pagode Shwezandon, point de vue le plus haut et le plus couru. Nous sommes vraiment plus entourés que la veille !

 



La pagode Shwezigon, l'une des quatre plus vénérée du pays
   
Temple d'Ananda

Le stupa Dhamayazaka
En général on rentre par des portes...

Un vendeur de marionnettes anime la cour du temple Dhammayangyi

Nous finissons par un coucher de soleil depuis la pagode Shwesandaw, point de vue le plus haut et le plus couru. Nous sommes vraiment plus entourés que la veille !


Au loin le temple Dhammayangyi, inachevé

Le temple Thatbyinnyu, mais on n'y voit pas l'ombre d'un biniou...




Un buffet birman, tu commandes un plat, on t'apporte 15 assiettes, t'en aimes 5!

Le lendemain matin nous nous levons très tôt pour aller voir un lever de soleil sur le site, censé être encore plus beau puisque que chaque jour des dizaines de montgolfières proposent un rapide survol du site au petit matin pour la modique somme de 300 dollars par personne... Bizarrement nous avons préféré trouver un temple, le Bulethi, sur lequel grimper et observer tous ces dollars se promener dans le ciel !

Un groupe d'américains super équipés faisant un voyage photo se trouvait sur le même temple et semblaient se croire dans la salle de contrôle de la Nasa à Houston. Les dialogues étaient du genre (voix grave et sérieuse, attitude concentrée) "au trépied, focale 200mm, iso 200, f4, vitesse 1/30, balance des blancs sur tungstène, Appollo do you copy?"... Appollo ne répondit pas, mais le lancement s'est bien passé puisque des dizaines de montgolfières ont décollé, la Nasa birmane assure ! Au final, c'était rigolo et très beau et nous avons glané quelques bons conseils de leur prof photo !












Puis nous avons à nouveau visité quelques temples et fini par un joli coucher de soleil au bord de l'Irrawaddy.

Temples Seinnyet Ama et Nyima
Temple Htilominlo


Temple Nat Taung, le seul en bois

La pagode Mahabodi, inspirée d'un temple indien

La perche à selfie sévit sur l'ensemble de la planète !

Stupa de la pagode Bupaya, au bord de l'Irrawaddy