jeudi 11 février 2016

Mandalay, le plongeon dans le grand bain birman

Après ce petit avant-goût thaïlandais, nous avons pris l'avion pour la Birmanie et plus particulièrement la ville de Mandalay, située dans la partie centrale du pays.

Le dépaysement est alors total, la pauvreté saute aux yeux, la circulation routière est chaotique, la plupart des hommes et des femmes portent le longyi, une espèce de longue jupe, des tâches rouges de bétel (une préparation que chiquent les hommes à longueur de journée et qui rend leur bouche absolument immonde) marbrent le sol, et au loin, coule l'Irrawaddy avec ses accents de Bangladesh.

Mandalay, la dernière et peu glamour capitale royale, est surtout réputée pour ses environs et les remarquables vestiges des villes que sont Amarapura, Inwa, Sagaing et Mingun. Ces dernières furent alternativement capitales royales à partir de 1315, après Bagan. Cette époque des rois a d'ailleurs été une lubie de la junte, qui voulait ainsi renouer avec ce glorieux passé pour mieux effacer dans les mémoires le souvenir du passé colonial anglais. En pratique, cette omission de l'histoire s'est manifestée de différentes manières, parfois poussées jusqu'au ridicule, citons, par exemple, la reprise du nom "Myanmar", déjà utilisé au XIII ème siècle, pour cesser d'utiliser le mot "Birmanie" d'origine anglaise; la création ex-nihilo, pour d'obscures raisons, d'une nouvelle capitale nommée Naypyidaw, qui signifie "demeure des rois" ou encore la circulation à droite alors que la majorité des voitures a le volant à... droite!

Rappelons par ailleurs que la junte a officiellement été dissoute en 2011 pour répondre aux pressions internationales. La mise en place d'un pouvoir civil fut une grosse farce, ils ont repris les mêmes avec l'uniforme en moins, mais quelques ouvertures se font remarquer à cette période. Avec la victoire écrasante du parti d'Aung San Suu Kyi lors des élections législatives de novembre dernier, les choses semblent réellement changer. Après une révision de la Constitution qui l'en empêche pour le moment, il y a même de très grandes chances que la dame du lac soit élue présidente de la Birmanie. L'heure de la démocratie approche donc. Mais attention, nous avons bien dit "l'heure de la démocratie", celle de ses supposés corollaires comme la justice sociale ne semble pas prête d'arriver au regard de la libéralisation sauvage et sans partage que connaît le pays depuis quelques temps... Soit finalement, rien de si nouveau sous le soleil au regard de l'histoire de la démocratie.

Sans transition, passons aux casques couleur rose Hello Kitty que nous avons portés et au terrible engin que nous avons chevauché, une petite moto chinoise bien merdique (pléonasme), pour découvrir à toute bringue, toute proportion gardée quand même, les alentours de Mandalay. Les panneaux sont écrits en birman, une belle écriture ornée de ronds mais bien peu pratique pour se repérer. En toute logique, nous nous trompons de chemin mais ce n'est pas grave, le spectacle offert par le lac, que nous longeons et qui se confond avec le ciel, est magique!



Après une reconfiguration de notre GPS, un Ndaspres, une marque beaujolaise, notre visite peut enfin commencer avec Amarapura. La ville fut construite en 1782 par le roi birman Bodowpaya pour remplacer l'ancienne capitale Ava (aujourd'hui appelée Inwa). Son existence fut brève puisqu'en 1823, Ava redevient la capitale. Amarapura ne reprend le titre que de 1841 à 1857 jusqu'à ce que l'avant-dernier roi, Mindon, déplace la capitale à Mandalay, située à seulement 8 kms de là... Vous l'aurez compris, les rois birmans étaient assez indécis pour le choix de leur capitale.

A Amarapura, comme dans les autres villes royales d'ailleurs, les vestiges sont avant tout religieux, les rois et le peuple birmans se concentrant sur la construction de pagodes, de bouddhas et de temples pour avoir la meilleure réincarnation possible.

Belle pagode non identifiée

Le monastère de Barkaya et son teck sculpté

Après la traversée un peu épique d'une rivière, la Dokéhtawaddy, nous nous enfonçons dans les terres de l'ancienne Inwa. La visite du très touristique monastère de Maha Aung Mye Bon Zan (à vos souhaits!) nous permet de faire la rencontre d'une petite vendeuse de souvenirs à la technique bien rodée. A peine arrivés, elle devine notre nationalité et nous sort d'emblée le slogan appris par la plupart des commerçants birmans  :"c'est pas cher!". Plus tard, nous rencontrerons une autre vendeuse qui l'aura enrichi d'un: "comme à Leclerc!"... C'est ce qu'on appelle avoir le sens des affaires! Voyant que nous ne sommes pas réceptifs à son discours, notre vendeuse s'improvise alors guide et cherche à gagner notre sympathie. Et elle a réussi, Stéphanie est devenue l'heureuse propriétaire d'un bracelet en fausse pierre de jade.


Tiens bon Nico!

Le monastère de Maha Aung Mye Bon Zan
  
Notre petite vendeuse. Elle porte sur le visage du thanaka, le produit de beauté par excellence des Birmanes

Nous poursuivons cette journée par la visite du monastère de Bagaya tout en bois sculpté et traité au pétrole. Sur le chemin, nous assistons à quelques scènes pittoresques dignes des cartes postales.
 

Le monastère de Bagaya


En fin de journée, nous mettons les gaz pour ne pas rater le coucher du soleil sur le fameux pont d'U Bein, un pont en teck de 1200 mètres de long, suspendu au-dessus du lac Taungthaman. D'après le guide du Routard, ce serait l'un des grands moments de notre voyage en Birmanie, un moment à la fois magnifique et émouvant. Soit nous manquons de poésie, soit le Routard a une facheuse tendance à s'émerveiller de tout mais une chose est sûre, nous n'arrivons pas à la même conclusion! Des cars sont garés un peu partout, des hordes de touristes arpentent ce pont qui ne casse pas une patte à un canard, des tas de déchets jonchent le sol, le lac n'invite pas à la baignade, même pas le petit doigt, et en plus nous arrivons trop tard pour profiter du coucher du soleil... Bref, nous sommes déçus! Nous décidons néanmoins de revenir le lendemain pour prendre de belles photos, ce serait quand même ballot de passer à côté du seul intérêt du site.

Le lendemain, nous nous rendons à la pagode Mahamuni, située à 3 kms au sud du centre de Mandalay. La pagode est l'une des plus vénérées de Birmanie et a la particularité d'abriter un bouddha de 4 mètres de haut, que les fidèles, ou plutôt les hommes, car les femmes n'en ont pas le droit (dites-donc, les bouddhistes ne seraient pas un peu misogynes sur les bords?), recouvrent de feuilles d'or. Au fil des décennies, le bouddha est devenu tout boursouflé par les milliers de feuilles d'or collées quotidiennement; des photos exposées non loin de là montrent la prise de poids de la statue. La ferveur populaire est telle que les fidèles, hommes et femmes cette fois-ci, s'empressent pour assister à la toilette du visage et des dents du bouddha qui a lieu tous les jours à 4 heures du matin.

Sur la route, nous croisons beaucoup de sculpteurs de bouddhas... Quid des normes de protection

Le bouddha de la pagode Mahamuni inlassablement remplumé

Petite vue de l'extérieur

Nous poursuivons cette deuxième journée avec une balade sur les collines de Sagaing qui offrent une vue imprenable sur des centaines de pagodes, stupas et monastères. De l'un des ponts métalliques qui enjambe l'Irrawaddy, la vue de ces édifices perchés sur ces collines est encore plus belle!

Les collines de Sagaing offrent un très beau panorama mais finalement peu photogénique. Au fond, l'imposant Irrawaddy



Mais c'est du chinois! ...Non du birman!

Les bouddhas de la pagode U Ponya auréolés d'ampoules à led, ambiance discothèque!

Et puis, direction le pont d'U Bein! La veille, nous avions repéré un bon point de vue pour prendre en photo les ombres chinoises qui font la réputation du site.

C'est moche!

... Et abracadabra!

Tout devient beau!

    



4 commentaires:

  1. Très bonne vendeuse ! Comment peut-on la contacter ? :-D

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  2. Je vois que tu as trouvé ta jeune padawan! Arriverait-elle à faire aussi fort que la fameuse robe mauve? J'en doute, c'était quand même une sacrée prouesse!;D

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  3. Tu n'arrives pas à la porter car tu n'as pas pris le blouson en cuir qui allait bien avec !

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