dimanche 27 mars 2016

Babar dans le Triangle d'or

Après un premier week-end passé à Chiang Mai, nous filons vers l'est à Chiang Rai. Chiang Rai n'a pas un charme fou mais constitue une bonne base pour faire une balade à moto et découvrir les coins reculés de ce qui fut le triangle d'or.

Au marché de nuit
L'attraction de Chiang Rai, une horloge qui fait un show son et lumière toutes les heures

Cette région montagneuse, qui dessine effectivement un triangle entre Chiang Rai, Ban Houay Sai au Laos et Kyaing Tong au Myanmar, a été dans les années 60-70 la plus grande productrice d'opium. C'est de cette époque qu'elle a tiré son surnom, l'opium étant très rentable, les trafiquants étaient payés directement en or.

Côté thaïlandais, sous la pression des autorités nationales et internationales, les champs de pavot à opium alors cultivés par les différentes ethnies peuplant les montagnes ont depuis quasiment été éradiqués; ce qui n'est pas encore totalement le cas chez les pays voisins. Les cultures de substitution comme le café, le thé, le maïs ou des arbres fruitiers les ont remplacées. Désormais, le Triangle d'or se résume pour la Thaïlande à Sop Ruak et ses musées hypertouristiques sur l'opium... Pendant que le Triangle dort, c'est maintenant au tour du Croissant d'or (la région de l'Afghanistan), avec sa production annuelle de plus de 5 tonnes d'opium, d'être sur le devant de la scène.

C'est donc encore une fois façon Easy rider que nous avons découvert la région. Notre première étape fut le petit village de Mae Salong, perché sur des collines luxuriantes. N'ayant pu se joindre à l'exode pour Taiwan et chassé par les autorités birmanes, c'est un régiment du Kuomintang, l'armée nationaliste chinoise menée par Tchang Kaï-chek qui a créé ce village, un petit bout de leur Yunnan natal. 

A Mae Salong, nous y avons donc trouvé des Chinois, des femmes coiffées de boules de métal (de l'ethnie des Akhas si nous ne nous trompons pas), encore un wat, le Wat Santakhiri et tout plein de salons de thé. C'est ainsi que nous avons dégusté le délicieux thé oolong et le thé de givre, celui-ci était si bon que nous n'avons pas pu partir sans en acheter un paquet!


La jolie vue depuis le temple

Jusque là, nous sommes assez déçus par les paysages. Mais après Mae Salong, la route nous offre enfin de beaux tableaux dorés par la couleur soleil couchant.



Stéphanie perdue dans les théiers



Après une nuit passée dans une espèce de motel, dont nous devions être les seuls clients, nous partons en direction du Doi Tung, un mont au sommet duquel se trouve... un temple bien sûr! Il s'agit du Wat Phra That Doi Tung, surtout réputé pour les deux chedis jumeaux de style lanna qui le jouxtent. Non loin de là, sur les pentes du mont, la mère du roi avait fait édifier un palais d'été dans l'espoir que les populations des montagnes, honorées par la présence royale, se détournent de la production de l'opium...on n'aurait pas un peu le melon? Depuis, le palais est devenu un musée visité par des hordes de touristes thaïs. A la vue de tous ces bus, la décision est vite prise: euh on s'en fiche un peu de ce palais, non? Allez, zou!

Le Wat Phra Doi Tung


Sur la route, nous apercevons des champs d'ananas


Le soir, nous passerons la nuit dans un endroit des plus atypiques. Perdue au milieu des montagnes et de la jungle, se trouve une guesthouse tenue par une française, Sophie, son mari "Mumu" et ses beaux-parents d'origine karen. Une fois installés dans notre chambre, un tipi en paille, nous avons eu tout le loisir d'observer les scènes de vie de la ménagerie qui nous entoure. Car Sophie, en plus de son faux-air de Brigitte Bardot, partage comme elle une passion pour les animaux. Les cochons bien sales, les petites poules qui se dandinent autour du coq, le bouc qui ne pense qu'à charger, les moutons en recherche d'affection, les chiens qui ne pensent qu'à jouer, les chevaux qui cavalent... toute la ferme est bien là. Enfin presque, parce que si nous sommes là, c'est surtout pour Mélanie et sa fille Gypsie, deux éléphantes que la famille a adoptées. Mais pour le moment, elles sont dans la jungle, occupées à manger du bambou. Pour nous occuper, le bouc, ravi d'avoir des compagnons de jeux, passe son temps à nous pousser, sa grande passion dans la vie! 

Après cet entraînement de rugby, le dîner se passe sur une terrasse à la lueur des bougies, et c'est en étant les seuls hôtes, que nous savourons alors un plat typiquement karen, fait à base d'herbe que la belle-mère vient tout juste de couper à l'orée de la jungle.

Notre suite!
Après Nicolas,
... c'est Stéphanie qui explique au bouc qui est la plus forte!



Le jar pustule!

Petit brin de toilette dans notre salle de bain en plein air

Après toute une nuit rythmée par les chants des coqs, nous voilà réveillés par un autre son, comme celui d'une trompette bouchée... Bon dieu, les éléphants sont de retour! Ni une ni deux, nous enfilons nos vêtements et comme des gosses, nous assistons au spectacle quotidien de ces éléphants de compagnie choyés par leurs maîtres. Plus tard, le cornac, rôle assuré par le beau-père, les ramène à la jungle... pour avaler 200 kilos de végétaux par jour, il faut s'y mettre tôt! Pour nous, c'est alors l'heure de repartir vers Chiang Rai.



Ooh dis donc, il y a de bonnes choses par ici!

Pointure 144
Un petit remontant avant de partir!

jeudi 24 mars 2016

Retrouvailles à Chiang Mai

Après Sukhothai, nous partons vers le nord pour arriver à Chiang Mai, jadis capitale du royaume de Lanna, et actuellement ville la plus importante du nord de la Thaïlande. Le Lanna, fondé à la fin du XIIIème siècle, fédéra un ensemble de cité-états autour de Chiang Mai, la capitale. Situé entre les puissants royaumes birmans d'un côté, et d'Ayuthaya de l'autre, le Lanna fut toujours très menacé et, après avoir connu son apogée au XVème siècle, tomba sous domination birmane de 1558 à 1774, date à partir de laquelle il passa sous l'emprise du Siam. Le Lanna disparut officiellement en 1892, mais la langue, le thaï du nord, et son alphabet subsistent encore.

Tout cela est très intéressant, mais nous sommes surtout venus à Chiang Mai pour rencontrer nos amis, Catalina, Javier et leurs deux charmants bambins, Mila et Mael. Tout ce petit monde est venu s'établir, ou naître pour Mael, à Chiang Mai pour dix mois, parce que papa Javier fait une thèse sur le bouddhisme théravada à l'école française d'extrême orient.


M. Javier dans son bureau de l'EFEO
Comme nous avions, pour une fois, des guides compétents sous la main, nous nous sommes fait plaisir et avons visité une bonne partie des temples marquants de la région, le Wat Prathat Doi Suthep, le Wat Phra Singh, le Wat Chiang Man, le Wat Chedi Luang, le Wat Is Love, le Wat Else, le Wat Mille... Nous avouons n'avoir pas tout retenu, mais n'est pas expert le premier touriste venu !

Nous avons aussi fait le tour des antiquaires locaux, où Javier s'est dégôté un bouddha en bois de 1870,  (ce qui est déjà vieux, les thaïs conservant peu de vieilles pièces et le climat les détériorant vite), avec inscription s'il vous plaît (c'est mieux nous dit l'expert!). Moins experts, nous avons jeté notre dévolu sur un bouddha des années 1970... on en doute quand même, il ne porte pas de pattes d'eph ! Vous noterez que les natifs des années 70 sont déjà des antiquités ici !

La culture thaïe c'est intéressant, mais ces retrouvailles étaient aussi l'occasion de se faire d'agréables journées à discuter tranquillement, quelque chose de rare en voyage.

Au Wat Phra Singh

Mila accumule les mérites...
... tandis que son frère se dit qu'il mérite bien une petite sieste!

 
Le Wat Prathat Doi Suthep



De belles peintures retracent les jatakas, les épisodes des vies du bouddha. Ce jataka est très célèbre, évidemment nous en avons oublié le nom... Javier, c'est quoi déjà ?
Le Wat Chiang Man


Un joli bouddha dans le... pff, on ne sait plus, le Wat Else ?

Le Wat Chedi Luang
Dans le Wat Phan Tao

Ces chouettes visites nous ont aussi permis de comprendre comment, en quelques années, les groupes de Chinois ont réussi à détrôner les groupes de jeunes Israéliens, dans la catégorie des touristes les plus unanimement détestés. Nous plaignons sincèrement les Chinois et les Israéliens bien-élevés et respectueux! 

Sinon, Chiang Mai est très très touristique et les restaurants à burgers (et oui, 3 jours à manger exotique, c'est déjà trop pour beaucoup, vite un burger!) côtoient les agences proposant des tours bien peu excitants. Mais, malgré cette énorme fréquentation, la ville est assez agréable. Le week-end, certaines rues sont transformées en grand marché, très touristique, mais l'ambiance est sympa, on y mange bien et nous y sommes devenus fans des New Way, un groupe d'aveugles qui joue du rock.

Rock'n roll!
Nous avons également bien profité de la sélection de gargottes locales de Javier et Catalina, et nous nous sommes bien régalés des plats typiques du nord. Stéphanie, toujours curieuse d'expériences gustatives, décide de goûter le durian. Le durian est un gros fruit hérissé de piques, ressemblant à une masse d'arme, réputé pour puer terriblement mais reconnu comme un vrai délice par les Asiatiques. Conclusion de Stéphanie la française : c'est absolument dégueulasse et le goût reste longtemps en bouche. Nicolas dit tout pareil !


Mais c'est vraiment dégueulasse!

Et si on goûtait les insectes grillés... plus tard peut-être!

Pour se remettre de tout ça, rien de tel qu'un massage thaï, une heure après, on ressort bien détendu, avec l'impression d'être passé dans une machine à laver!
Comme Stéphanie a eu la bonne idée d'avoir 32 ans dans une ville dotée de multiples cours de cuisine, nous avons passé une agréable journée à apprendre à concocter les incontournables de la cuisine thaïe, sous la houlette de Garnet, une jeune thaïe rigolote et totalement survoltée. Le pad thaï, les currys, la soupe de coco, au galanga, etc. n'ont donc plus de secrets et, après avoir "travaillé" et mangé toute la journée, nous avons remis ça le soir avec Javier et Catalina qui avaient commandé une délicieuse tarte au citron à la pâtisserie française, située à quelques pas de chez eux! Encore merci à eux !


Une pincée de sel !
Et tu tapes, tapes, tapes...

Et voilà, un délicieux curry vert!

Un pad thaï

Rouleaux de printemps, version thaïe

Le jacquier ça sent... rien!


Un riz gluant mangue-coco en dessert

Et une TARTE AU CITRON !