jeudi 17 mars 2016

C'était pas ma guerre, colonel!

Notre dernière étape en Birmanie sera l'Etat karen et plus particulièrement sa capitale, Hpa-An. Si vous avez vu Rambo IV ou qu'accessoirement vous aviez suivi cette actualité, vous n'êtes pas sans savoir que les Karens, majoritairement chrétiens, mènent une lutte armée pour leur indépendance. Les affrontements avec l'armée birmane ont toujours lieu mais suite à des accords avec le pouvoir, la région d'Hpa-An est désormais pacifiée. Notre grande vadrouille a donc pu continuer sans encombre malgré une présence militaire assez marquée dans cette zone... Un grand merci peut-être à l'entreprise Total qui, soucieuse de la paix entre les peuples, aurait financé par le passé l'armée birmane pour protéger un gazoduc situé en plein territoire karen et mettre fin aux activités de cette minorité, bien trop gênantes pour le business.

La ville d'Hpa-An n'est pas d'un grand intérêt, contrairement à ses alentours, très beaux, parsemés d'incroyables massifs karstiques, eux-mêmes creusés de grottes que les habitants de la contrée ont ornées de bouddhas et autres stupas. Un spectacle qui vaut vraiment le détour d'après le Guide du routard, pour une fois, il ne raconte pas de conneries!

C'est sous un soleil de plomb que nous avons débuté notre visite des alentours. Notre première découverte fut la grande et longue grotte de Saddan. Bien sûr, nous y trouvons des bouddhas mais le plus intéressant de la visite s'est trouvé de l'autre côté de la grotte. Là, un vieux piroguier, sans doute un rebelle à la retraite, vu ses tatoutages de dur à cuire et son T-shirt "Karen Army", attendait le chaland sur un petit lac pour passer sous la montagne, naviguer entre les rizières et le ramener à son point de départ.














Ensuite, direction la grotte de Kaw Ka Thaung et une piscine naturelle située à quelques encablures. La grotte est sympathique mais sans plus. Stéphanie y fait la connaissance d'un moine, très fier de lui montrer l'écran de ses caméras de surveillance... décidément, ces moines sont étonnnants! La piscine naturelle tant alléchante n'est qu'une mare à canards où une multitude de Birmans, collés les uns aux autres, s'y baignent tout habillés... Bref, tant pis pour la trempette!

Nous visitons alors le village de Lat Ka Na, qui est juste à côté et qui n'est pas non plus d'un intérêt fou...si ce n'est la traversée du pont bien étroit pour s'y rendre, le moindre écart et notre moto partait à la rencontre des rizières!

Au coucher du soleil, nous nous sommes rendus à l'entrée d'une grotte d'où partent des milliers de chauves-souris. Se faire survoler de quelques mètres par un tel défilé est un spectacle assez étonnant. Sur le chemin, nous croisons deux petites filles birmanes, si ravies de voir des touristes qu'elles nous font la bise... le moment est mignon et nous rappelle combien ce type d'échange, encore très courant en Birmanie, va malheureusement devenir rare avec le développement du tourisme.

La Salouen, avec au loin de belles formations karstiques

 

C'est l'heure du dîner pour les rapaces!


Le lendemain, nous partons pour une visite de deux jours. Nous commençons bien évidemment par la visite d'une... grotte!

Il s'agit de la grotte de Kaw-Gone nichée au pied d'une colline. L'un de nos coups de coeur de la région! Ce n'est pas tant la grotte qui fait l'intérêt du site mais l'allée pour y aller, tapissée de tablettes votives en terre cuite, la rendant ainsi de toute beauté. Les petits singes rigolos à l'entrée n'ont rien enlevé au charme de l'endroit.

  




 

Non loin, se trouve la grotte de Yathei Pyan. De prime abord, cette dernière ne paye pas de mine mais une fois la cavité atteinte, nous sommes sous le charme, la vue est imprenable, l'ambiance mystique, et le stupa éclairé par un oeil percé dans la roche offre une scène assez saisissante.



 

Notre route se poursuit avec le Kyaik-Ka-Lat, un joli piton rocheux couronné d'un stupa et dressé en plein milieu d'un lac artificiel.



En fin de journée, nous arrivons à notre dernière étape, le mont Zwe Ga Bin et son monastère situé tout en haut. C'est là que nous allons dormir. Il fait chaud et la montée des plus de 2000 marches devient vite éreintante. Deux heures après, nous parvenons au sommet pour le coucher du soleil, ou plutôt pour un flou artistique de coucher de soleil, la brume est encore une fois trop épaisse.

La soirée passée dans ce monastère fut assez surprenante. Nous nous attendions à de la solitude, du calme, de la méditation... en réalité, ce fut tout l'inverse! Une bonne trentaine de touristes étaient déjà là à notre arrivée, un groupe d'amis de Rangoon faisait tournoyer leur drone au-dessus de nos têtes pour prendre quelques photos souvenirs et il y eut du raffût presque toute la nuit. Ah nous et nos images d'Epinal...


On y arrive presque!

Le Kyaik-Ka-Lat paraît bien petit d'ici
 
Ah, ça psalmodie un peu quand même !
Le frappé du gong!
C'est donc ça, plus besoin de méditer, la connexion avec Bouddha se fait désormais autrement!
Au pied de la colline, le Lumbini Garden où 1100 bouddhas aux robes dorées s'alignent

On est en train de construire un abri pour chacun d'eux, ça doit bien valoir un petit mérite!

La tournée d'aumône du matin à Hpa-An
Le lendemain, nous repartons vers Hpa-An où nous ferons la connaissance d'un couple de cyclotouristes très sympa, Andjali et Camille. Ils ont débuté leur chemin dans les Alpes et nous ont raconté leurs différentes aventures dans les Balkans ou encore en Asie centrale... en somme, le genre de voyage qui a toujours tendance à nous faire envie!

Cette fois-ci, la Birmanie, c'est bel et bien fini. Ce pays nous aura surpris par sa fulgurante transformation. En l'espace de quelques années, le pays sous cloche est devenu l'une des principales destinations touristiques, totalement offert aux vautours d'un capitalisme des plus sauvages. Sans éducation, sans véritable politique sociale, nous sommes assez inquiets de la tournure que va prendre ce pays. Une petite lueur d'espoir quand même avec la problable accession d'Aung San Suu Kyi à la présidence dans les mois qui viennent.

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