mardi 1 décembre 2015

Des animaux sauvages et des sauvageons

24 heures de bus depuis Mendoza et nous voilà débarqués à Puerto Madryn, sur la côte atlantique, au nord de la Patagonie. Nous nous attendions à des rafales de vent froid et c'est un soleil tout méditerranéen qui nous accueille, nous nous sentions en vacances... ah oui c'est vrai nous le sommes déjà :-)
Puerto Madryn se trouve à proximité de la péninsule de Valdès, une réserve naturelle où la faune est très riche, nandous, guanacos bien sûr, mais surtout éléphants de mer, otaries, manchots, baleines et orques !
Pour aller voir tout ça, 150 kilomètres à faire, l'option marche à pieds était donc exclue, les tours touristiques nous enthousiasment toujours moins et sont très chers, restait la possibilité de louer une voiture. Arnaud, un français, et Oliver, un anglais, rencontrés à l'auberge étant partants, nous décidons d'aller faire le tour des agences. Les prix élevés ne nous surprenant plus, la nature s'est chargée de mettre un peu de piment dans cette matinée: des baleines franches australes barbotaient tranquillement à 100m de la plage et de la ville. Ça n'avait pas l'air d'émoustiller les locaux, pour eux c'est un peu comme si un pigeon venait se poser sur le rebord de la fenêtre. Par contre, nous étions tout excités et sommes restés un bon moment à les regarder batifoler ou se prélasser dans ces eaux chaudes et tranquilles. Nous n'avions pas emporté le téléobjectif, en général pour louer une voiture ce n'est pas très utile, donc pas de superbe photo à vous montrer, faut imaginer !




Dans notre superbe Renault Clio de qualité export ( ça veut dire moins équipée qu'une lada sous Brejnev, ceintures de sécurité à serrer à l'arrière, oui comme dans les R5 de 1985, cette élégance à la française qui nous fait rayonner à l'international...), nous sommes donc partis sur les pistes gravillonées de la péninsule. Nous nous sommes acquittés du droit d'entrée exorbitant, l'État argentin ayant eu la bonne idée de privatiser la réserve naturelle, que fait une société privée en situation de monopole ? Elle pompe à tout va ! Ah, on me dit que nous avons déjà parlé de ces histoires au Machu Picchu... Heureusement c'est pas en France que le gouvernement ferait des trucs comme ça. Ah si ? On en a aussi parlé ? Eh bien on en reparle, parce que c'est lamentable !
Nous avons donc traversé la péninsule recouverte de broussailles par de longues pistes poussiéreuses, relativement monotones si une famille de nandous ou un troupeau de guanacos ne surgissaient pas soudainement de temps à autre. Ça court vite ces bêtes et c'est pas facile de les prendre en photo. Nous avons donc continué pour trouver des bestioles plus adaptées à nos compétences en photographie. Arrivés sur la côte, quelques otaries nageaient le long de la plage, tandis que sur le sable, une tripotée d'éléphants de mer se doraient la pilule ou se traînaient péniblement sur 5 mètres avant de faire une pause et de refaire 5 mètres. Il y avait beaucoup de jeunes, de jolies boules plus ou moins grosses, et quelques mâles, gros, énormes, monstrueux, qui veillaient sur ce petit monde. Il semblerait que ce soit l'une des seules colonies d'éléphants de mer visible sur le continent, la plupart se trouvant dans les îles du pourtour antarctique. Au moment de reprendre la voiture, un tatou se balade sur le parking et vient nous renifler. Encore une drôle de bête, entre le hérisson, la tortue et l'accordéon !





Cet oiseau court vite, nandou-tons pas!


C'est moi le plus gros, mouahahaha !






Quelques dizaines de kilomètres plus loin, une autre plage hébergeait encore quelques éléphants de mer, mais le coteau la dominant abritait aussi une colonie de manchots de Magellan. Pas farouches du tout, ils se promenaient à quelques mètres de nous, tirés à quatre épingles dans leurs petites redingottes noires. Mais notre quota de chance a atteint son maximum quand 3 orques ont longé la plage à une centaine de mètres, spectacle magnifique parce qu'elles sortent vraiment beaucoup le corps de l'eau lorsqu'elles respirent.







Les yeux encore plein d'animaux, nous avons pris la route pour rejoindre Gaiman, un petit village fondé par des gallois à la fin du XIXème siècle qui était censé avoir gardé un charme particulier et où il était possible de camper. Les mauvais moments de la journée ont alors commencé. Premièrement les campings n'existaient plus ou n'avaient plus d'autorisation, bref il allait falloir trouver un hôtel. Mais c'est à ce moment que nous avons entendu parler d'attentats à Paris. Nous sommes donc allés manger dans un petit restaurant sur la place du village, scotchés devant la télé et atterrés devant ces abominations. Au bout de deux heures, nous sommes sortis de là pour constater que l'on nous avait cassé une vitre de la Clio et volé toutes les affaires rangées dans le coffre... Nous avons ainsi passé une bonne moitié de la nuit au poste de police pour faire la déposition. Les attaques parisiennes nous ont bien fait relativiser, mais nous avons quand même perdu le sac à dos de Stéphanie, nos supers sacs de couchage, la tente, des vêtements de randonnée, et plein de petits trucs bien utiles. Notre anglais s'est changé en Oliver Twist, il n'avait plus qu'un short, des tongs et un tee-shirt, même son passeport s'est envolé ! Au final, le village "gallois" n'avait aucun charme et pour nous il en a eu encore moins !
Le lendemain nous avions prévu d'aller voir la plus grande colonie de manchots du continent, à Punta Tumbo, 150 kilomètres plus au sud. Quelques heures pour récupérer une voiture intacte et payer la vitre cassée, l'assurance ne couvrant évidemment pas, et nous voilà sur la pointe de Punta Tumbo où se trouve la réserve, gérée par une société privée qui pratique des prix... bref vous connaissez l'histoire. Entre 200 000 manchots de Magellan, selon la police, et 1 000 000, selon les manchots, viennent ici pour se reproduire. Les mâles arrivent en septembre-octobre pour préparer les nids, puis les couples se forment et les oeufs éclosent en novembre-décembre. Nous n'avons pas vu de petits, mais tout le monde était très affairé à s'occuper de son nid, ou couver dedans. Des centaines de manchots se dandinaient un peu partout, revenant de l'océan, ou y allant pour chasser. Encore une fois, ils ne sont pas farouches et sont assez amusants lorsqu'ils arrivent sur une allée où passent les visiteurs: ils s'arrêtent, regardent à gauche et à droite et traversent tranquillement lorsqu'il n'y a personne. Le manchot serait donc chic, discipliné et bien éduqué !


Le manchot Alain Delon: oui je suis beau, et alors?

Le manchot Assurancetourix: c'est mieux sans le son !

Le manchot Rambo, visiblement ces petites bêtes voient rouge de temps en temps



Le manchot Jean-Paul Gauthier: pas mal cette redingotte 2015 !

Le manchot Philippe Katerine: non mais laissez moiiii, couver mon oeuf... tout nu sur la plage


Hého, hého, on rentre de la chasse !


De temps en temps, quelques intrus viennent se balader chez les manchots, un guanaco...

... ou des touristes!

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