samedi 16 avril 2016

Kampot au poivre

"Quoi?! vous comptez quitter le Cambodge sans avoir vu Kampot et Kep? Mais ce n'est pas possible, c'est la plus belle région du pays! Et en plus, c'est sur la route du Viêtnam"... En écoutant un tel argumentaire du gérant de notre hôtel de Phnom Penh, nous avons donc mis les voiles vers le sud du Cambodge. Certes, nous allons un peu déborder sur le temps imparti au très attendu Viêtnam mais puisqu'on nous dit que ce serait une aberration de ne pas y aller...

Bon, on vous le dit tout de suite, nous n'avons pas trouvé que la région cassait trois pattes à un canard... Peut-être que nous ne lui avons pas consacré suffisamment de temps ou peut-être aussi que toute cette promotion pour cet endroit est un tantinet exagérée...

Arrivés à notre guesthouse, la couleur est annoncée, le Gwenn Ha Du flotte fièrement près du bar. Les lieux sont tenus par quatre Bretons. Sur la carte, des galettes de blé noir sont proposées, il y a même du cidre local... Comment résister?

Le soir même, un concert de punk rock est organisé. La bière coule à flots, des merguez grillent sur le barbecue, une voix d'une espèce de Plastic Bertrand hurle "There is no future", toute la petite communauté française et assez roots de Kampot est là... On se serait cru à un petit festoche breton, ça fait pas de mal, bien au contraire! Nous rigolons bien avec un certain Vincent, complètement bourré et dechaîné, qui finit dans la rivière! A la fin, Nicolas se retrouve à discuter belles guitares avec Pierre, un ancien guitariste de Claude François et ancien directeur de studios chez Pathé-Marconi. Apparemment, le Claude était quand même sympa.

Par contre, le cidre pique un peu!



Le lendemain, nous louons un scooter pour une journée bien chargée. Nous commençons par faire le tour de la ville de Kampot, connue pour ses belles maisons datant du protectorat français.




Au loin, le vieux pont français

La province est aussi connue pour son poivre, l'un des meilleurs du monde, nous dit-on. Avant la guerre au Cambodge, tout grand restaurant français utilisait du poivre de Kampot. Les Khmers rouges ont naturellement détruit toutes les plantations pour faire place à des rizières. Aujourd'hui, grâce à un groupe d'expatriés passionnés, le poivre de Kampot revient en force en bénéficiant d'une IGP s'il vous plaît... ce qui d'ailleurs n'est pas sans conséquence sur les prix. Pas de chance pour nous, la boutique-musée sur le poivre est fermée le jour de notre passage, nous apercevons tout de même les poivriers à travers les grilles. Nous avons donc dû nous rabattre sur notre ami google pour en savoir un peu plus sur ce poivre tantôt vert, tantôt noir, tantôt rouge, tantôt blanc.

Après, nous avons pris la direction de la péninsule de Kep, située à une vingtaine de kilomètres de là. Sur la route, nous apercevons des marais salants et assistons à quelques scènes de vie de la campagne cambodgienne. L'occasion de remarquer que le pyjama porté le jour fait fureur chez les Cambodgiennes! Par contre, aucune trace des plantations de poivre et ce n'est pas faute de regarder autour de nous! Nous apprendrons plus tard qu'elles se trouvent en fait au nord de Kep.

Kep est une station balnéaire qui a été fondée en 1908 pour accueillir l'élite de la société coloniale française. Dans les années 60, la haute société cambodgienne a pris le relai puis les Khmers rouges l'ont évacuée et saccagée. Il ne reste plus de cet ancien Kep que des ruines de villas disséminées un peu partout. Ces ruines ont toutes été rachetées par des spéculateurs dans le cas où Kep retrouverait sa hype d'antan... il y en a qui ne perdent pas le nord! Aujourd'hui, Kep est un endroit sans charme et ses plages sont sans intérêt, même le sable blanc n'est pas d'origine et a été acheminé par camion, c'est dire!

Si nous nous sommes rendus à Kep c'est parce que LA chose à y faire est de manger du crabe au poivre de Kampot bien sûr! Verdict: le poivre vert a effectivement cette particularité d'avoir un arôme à la fois puissant et délicat, il explose en bouche tout en restant assez doux... pas de quoi se damner non plus! D'ailleurs et plus généralement, nous n'avons pas trouvé que la gastronomie cambodgienne était particulièrement savoureuse et variée. Une exception quand même en ce qui concerne le plat national, l'amok, un poisson au lait de coco et à la citronnelle cuit à la vapeur (les déclinaisons sont possibles avec du poulet ou des légumes) ainsi que le lok lak, un plat à base de boeuf mariné, vraiment délicieux.

Au marché aux crabes


Petit méli-mélo de crabe, gambas, calamars et sa sauce au poivre vert de Kampot!

Pour finir cette journée, nous partons à l'assaut du phnom Bokor, un mont de plus de 1000 mètres d'altitude. Nous avons bien failli ne pas y arriver. La montée est interminable et l'essence a fini par manquer. C'est donc en multipliant les positions aérodynamiques pour économiser la moindre goutte d'essence que nous avons atteint un point de ravitaillement salvateur ... c'était moins une!

Au sommet, nous y trouvons les ruines d'une station climatique construite par les Français dans les années 20. Un peu plus loin, s'y trouve le wat Sampeau Bram Roi. La vue sur la côte, l'île viêtnamienne de Phu Quoc et la jungle environnante est pas mal mais ce qu'on retient surtout c'est cet horrible hôtel-casino qui a été construit par les Chinois et qui sera bientôt accompagné d'un complexe tout aussi laid de villas de vacances... nous nous trouvons pourtant dans un parc national!

Le wat Sampeau Bram Roi...

... recouvert de beaux lichens orange


Une église mais pas n'importe laquelle... en 1979, les Khmers rouges s'y sont abrités alors que les forces viêtnamiennes les mitraillaient


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