jeudi 19 mai 2016

Osaka laisse béton

Nous voilà au Japon! Nous atterrissons à Osaka et le changement est important après 3 mois et demi en Asie du Sud-Est.

Nous nous familiarisons avec les distributeurs de billets de métro, beaucoup de boutons mais finalement c'est assez simple. Il est près de minuit et, pour rejoindre notre auberge un peu excentrée, nous devons finir le trajet en taxi. Un vieux Japonais tiré à quatre épingles, avec gants blancs et cravate, descend d'une vieille Toyota crown rutilante et, avec moults marques de déférence, nous fait monter. Les sièges et appuis-tête sont recouverts de napperons en dentelle et aucune musique criarde ne nous assourdit... c'est sûr, nous avons changé de monde !

Nous arrivons alors dans une vieille maison, transformée en auberge de jeunesse par Tomo, un jeune très sympa. L'ambiance est chaleureuse et nous nous sentons tout de suite comme chez nous. Nous faisons la connaissance de Patrick et Suhee, un couple américano-corréen, qui a réalisé un film sur l'agriculture "naturelle" et vont visiter une ferme le lendemain. Alors, forcément, nous les accompagnons !

La nuit fut courte et nous devons courir dans les couloirs du métro d'Osaka pour réussir à prendre le train prévu. Grand honneur, le conducteur retarde le départ de près de 2 minutes pour nous permettre d'acheter nos billets. Sachant à quel point les Japonais sont des maniaques absolus de l'horaire, nous sommes très surpris ! Le train traverse l'immense conurbation d'Osaka et des villes alentours et n'arrivera jamais vraiment dans la campagne mais plutôt dans une sorte de zone périurbaine, où la ville est parsemée de quelques petits champs. C'est journée porte ouverte chez Yoshikazu Kawaguchi et une trentaine de personnes ont fait le déplacement. 

Masanobu Fukuoka, décédé depuis quelques années, a fondé l'agriculture "naturelle", une sorte d'agriculture biologique emprunte de philosophie à la japonaise. M. Kawaguchi fut l'un de ses disciples et est l'un des mentors actuels du mouvement au Japon. Nous partons donc visiter les "champs". Il fait beau et c'est bien agréable d'être au calme dans la nature en écoutant les Japonais discuter et s'écouter mutuellement avec respect.

La "ferme" s'apparente plutôt à du grand jardinage auto-suffisant. Le non-agir étant au centre du concept, beaucoup de choses poussent mais pas toujours les bonnes ! La plupart des Japonais présents sont des urbains très déconnectés de la nature et les questions et explications, que l'on nous traduit, sont souvent de niveau très débutant. Néanmoins, ça fait plaisir de voir tout ce petit monde s'intéresser à la nature et à la production agricole. 

Yoshikazu Kawaguchi 

Le semis de riz commence à sortir 

Impossible de récupérer ses notes, c'est du chinois japonais !

Connexion avec la nature !


Nous déjeunons tous ensemble dans la maison de Kawaguchi. Chacun a apporté son déjeuner, la plupart des trucs très sains dans une jolie boîte à bento en bois ou bambou. De notre côté, nous déballons les plats à emporter que nous avons rapidement achetés, emballés et suremballés de plastique... Le Japon part de très loin en matière d'écologie. Obsédés par la fraîcheur, la propreté et la présentation, ils emballent à qui mieux mieux.

Le lendemain, Stéphanie qui est malade depuis quelques jours, reste au lit, et Nicolas part se balader en ville pour faire les boutiques d'occasion photo. Le matériel photo neuf ne vaut pas le coup au Japon mais, les Japonais étant excessivement soigneux, c'est le paradis de l'occasion. La journée de Nicolas s'apparente donc à un jeu de piste dans la ville pour trouver les petites boutiques nichées à l'étage, en sous-sol ou au fond du dédale de galeries marchandes de la ville. Le soir venu, nous sommes devenus les heureux propriétaires d'un 60mm f2,4 macro !


Patrick et Suhee nous projettent leur film 

Stéphanie retrouve la forme petit à petit et nous nous baladons en ville. C'est très moche mais aussi complètement fascinant. Une jungle d'enseignes extravagantes habille les rues commerçantes et les galeries commerciales semblent s'étendre à l'infini. À croire que les Japonais ne font que du shopping en permanence. C'est un peu l'overdose pour nous, alors nous nous rabattons sur les spécialités culinaires. Nous essayons les takoyakis, des boulettes de pâte fourrées au poulpe ou les okonomiyakis, des sortes de crêpes-omelettes. Le soir, nous allons nous détendre dans le onsen du quartier, le bain thermal. Nous ressortons de là détendus et affamés. 

Et en plus, les pattes bougent !



Il y a des distributeurs de boissons à tous les coins de rue 


Des paquets cadeaux se promènent dans le métro

Takoyakis, ceux-ci n'étaient pas excellents 

Pour notre avant-dernier jour à Osaka, nous allons nous balader sur la petite île de Nakanoshima. Située sur la rivière Ô-kawa, elle offre un petit peu de verdure au milieu de l'océan de béton. Et, comme c'est le 4 mai, nous fêtons nos un an de voyage et allons manger dans un kaiten-sushi. Inventés à Osaka, ce sont des restaurants à sushi où les chefs déposent les assiettes sur un tapis roulant. Un code couleur permet d'en connaître le prix. Placés devant les chefs, nous avons une bonne vue sur les plats les plus frais et passons un bon moment. Pour couronner le tout, nous tombons par hasard sur une boutique Dalloyau et nous offrons une glace délicieuse ! Ah le savoir-faire français !

Oh de la verdure !

 Attention à l'excès de verdure, ouf du béton !



Un an de voyage !


Quartier de Dotonburi




Puis nous finissons en allant nous promener autour du château d'Osaka, dont les murailles d'enceinte sont impressionnantes alors que le donjon reconstruit en béton en 1931 ne nous donne pas envie de payer l'entrée pour le visiter. Nous faisons un tour dans le quartier de Tennoji,
plus populaire, où l'on trouve de nombreuses salles de Pachinko. C'est une sorte d'hybride flipper/machine à sous, que l'on trouve dans de grandes salles violemment éclairées où l'on passe de la "musique" assourdissante et qui passionne une bonne partie des Japonais. Il y aurait près de 12000 salles de ce genre au Japon, la plupart enrichissant la mafia locale. Chacun son addiction, nous conserverons la nôtre, au fromage ! Après une dernière soirée sympa à l'auberge, nous partons plus à l'ouest. 




 Le donjon reconstruit en béton 



Salle de pachinko, oh chance, vous n'avez ni le son, ni l'odeur de clope !

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