vendredi 6 mai 2016

On a retrouvé Dersou Ouzala

Depuis la baie d'Along terrestre, nous mettons le cap vers les montagnes du nord du Viêtnam. Il y a beaucoup de jolis coins et le choix de la destination n'est pas facile, nous décidons de donner une chance à la très touristique, et apparemment très belle, région de Sapa. La région est réputée pour ses balades dans les vallées environnantes au milieu de rizières en terrasses et dans lesquels vivent de nombreuses minorités: Hmongs, Dzaos, Zays...

Nous avons donc le plaisir de nous refaire un bus de nuit dans lequel un bébé, qui doit se demander pourquoi fallait-il l'amener ici, met l'ambiance. Nous arrivons à 4 heures du matin dans le brouillard, mais avons le plaisir de dormir une heure de plus dans le bus à l'arrêt, mieux que d'habitude.

Après nous être un peu reposés à l'auberge, nous faisons un petit tour dans la ville, sous la pluie qui s'est mise à tomber. C'est assez moche et très touristique, ça ressemble un peu à une station de ski et tout y est assez cher. Des dizaines de femmes Hmongs noirs arpentent les rues pour vigoureusement alpaguer les touristes et essayer de leur vendre des colifichets et autres souvenirs "authentiquement faits main par moi-même"... Elles doivent donc toutes avoir exactement les mêmes mains! Elles ont une hotte tressée en bambou sur le dos et toutes le costume bleu foncé traditionnel, on dirait qu'une armée de lutins du père Noël a envahi la ville. L'une d'entre elles, Chu, nous aborde avec un grand sourire dont elle semble ne jamais se déparer et, voyant que ses babioles ne nous intéressent pas, nous propose de venir dormir chez elle, dans la vallée voisine. Voilà quelques propositions, généralement un peu geignardes ou quasi agressives, que nous avons refusées jusqu'à présent mais là le courant passe bien. Nous prenons donc rendez-vous pour le lendemain matin.

Un énorme orage gronde toute la nuit et des trombes d'eau s'abattent sur la ville jusqu'à 9 heures du matin puis, comme par miracle, le beau temps revient. Nous retrouvons donc Chu, faisons un arrêt au marché pour acheter deux parapluies, des haricots et des champignons et partons pour son village. Les chemins sont très boueux et l'orage a créé quelques dégâts mais le paysage est joli, alternant forêts, champs et hameaux. Chu galope à petits pas précis devant nous et, la voyant nous attendre un peu plus loin dans la forêt, nous avons la même idée: "tu ne trouves pas qu'on dirait Dersou Ouzala en femme ?"


Sur le chemin, Chu s'amuse à nous prendre photo


Après un dîner dans une gargotte au bord du chemin, nous rejoignons la vallée principale de la région, offrant les vues les plus impressionnantes et aussi la plus fréquentée par les touristes. Mais nous sommes chanceux, Chu-Dersou habite du bon côté de la vallée, celui ou aucune agence ne va. Nous croisons donc seulement 4 autres touristes dans la journée. Kapitan Stéphanie et Kapitan Nicolas suivent donc leur guide, en s'arrêtant souvent pour prendre quelques photos, et arrivent dans le village.

Pause potins 




Corvée de bois de chauffage 






Quelques maisons de bois accrochées à la pente, nichées au creux d'une courbe forment le hameau. La maison est spartiate mais assez grande. Nous avons droit à une alcôve séparée, située assez loin du foyer et donc de la fumée. Une basse cour complète anime les abords, les oies, poules, cochons, canards, coqs, chiens et chats servent un théâtre permanent et amusant.

Chez Chu, c'est chou ! 


On prend le thé en terrasse 

Chu a deux filles et deux garçons et ses filles nous emmènent crapahuter dans les rizières et les champs attenants. Quelques autres gamins du hameau accourrent et voilà que nous nous sentons bien vieux à essayer de suivre ces gamins de 4 à 13 ans sur les rebords des rizières boueuses ou lorsqu'ils sautent de terrasse en terrasse. Les terrasses qu'ils descendent en sautant font bien 1,5 mètres de haut et certains se payent des atterrissages un peu brutaux mais ça les amuse beaucoup. Ils décident ensuite d'offrir des fleurs à Stéphanie qui se retrouve vite avec un énorme bouquet de fleurs, racines, terre... les garçons ayant visiblement un peu moins de sens esthétique, ils arrachent un peu tout et n'importe quoi !

L'aînée, 13 ans, qui veut devenir institutrice 

Cueillette de mûres jaunes 

Les buffles d'eau sont souvent des buffles de boue! 
Le bouquet, sans les racines et la terre !

Nous retournons à la maison pour le repas du soir. Nous roulons les rouleaux de printemps avec le mari de Chu. Ils nous préparent un véritable festin: rouleaux de printemps frits, sauté de porc aux champignons, riz, haricots verts et pousses de bambou sautés. Nous nous régalons ! Pour faire passer tout ça, le digestif ! Après deux verres bien pleins d'happy water, l'alcool de riz à 40° qu'ils fabriquent, nous déclarons forfait, à leur grande déception puisqu'ils s'étaient déjà servi le troisième verre et semblaient vouloir finir la bouteille !

Le soir, les nuages remontent la vallée à toute vitesse 


C'est l'heure de l'apéro: concombre découpé à la cuillère 


Le lendemain nous partons avec Chu à travers les rizières et bambouseraies, passons juste au dessus du chantier de construction d'un barrage et remontons dans la forêt de l'autre côté de la vallée. Soudain, Chu s'arrête puis recule, un serpent arrive dans notre direction. Il avance très dressé à une vitesse incroyable, s'arrête, se dresse encore plus pour nous regarder et finalement décide de disparaître dans la forêt. Nous demandons à Chu s'il était dangereux, "très dangereux !" nous répond-elle en rigolant !

Une heure après, nous arrivons dans un hameau et mesurons notre chance: à quelques centaines de mètres de là, nous apercevons des groupes d'une quinzaine de touristes qui se suivent à la queue-leu-leu. L'expérience doit être un peu différente. 

Stéphanie a eu le droit d'essayer la collection printemps/été 2016 !

De l'indigo, utilisé pour teindre les costumes traditionnels 

Désherbage du maïs, sans herbicide chez les Hmongs d'ici !



La jovialité du coupeur de bambou a laissé place à un grand sérieux pour prendre la photo... puis il a beaucoup rigolé en voyant la tête qu'il faisait dessus !
Un barrage se construit, la modernisation avance à grands pas 
Mais les enfants sont encore de corvée de bois pour quelques années

Nous prenons ensuite deux moto-taxis pour remonter la vallée jusqu'à Sapa. Les paysages sont beaux mais la route ravagée par l'orage, rien de stressant pour nos conducteurs qui traversent les coulées de boue et les ruisseaux sans problème. Nous faisons nos adieux à Chu et aimerions avoir son adresse postale pour lui envoyer les photos que nous avons prises. Malheureusement, le gouvernement Viêtnamien semble ne pas attribuer la même importance à tous les habitants. La plupart des Hmongs ne peuvent pas recevoir de courrier, on ne leur distribue pas. Encore des socialistes qui n'en ont que le nom!

3 commentaires:

  1. Toujours de très belles photos 😀 Stéphanie, tu portes magnifiquement bien la tenue traditionnelle 😉 Bisous et à bientôt !

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  2. ... Désolée pour le temps de réponse, la fonction "répondre" ne marchant plus...

    Ravie de voir que ma commentatrice préférée est de retour! Si j'avais su que tu étais fan des tenues Hmong, je t'en aurais apporté une!

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  3. pour le courrier: meme dans les villes touristiques vous ne verrez pas de facteur ni de boites aux lettres N Il faut aller au bureau de la poste pour recevoir ou envoyer du courrier. les communications se font via le téléphone portable ou via internet!

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