lundi 12 octobre 2015

Une belle revanche !


Après la randonnée ratée dans la cordillère Huayhuash, nous avions une revanche à prendre! Nous avons donc quitté Lima pour rejoindre les montagnes du côté de Cusco.

Le trajet a duré 22h30, mais pour une fois nous avions pris la meilleure compagnie de bus, Cruz del Sur, sièges super inclinables, écran personnel, hôtesse à bord, le luxe! Au final, nous n'avons pas mieux dormi mais nous avons pu regarder plusieurs films américains tous aussi mauvais les uns que les autres!

Arrivés à Cusco, nous avons passé 2 jours à faire les emplettes, trouver du gaz, une vague carte et nous reposer un peu. Fin prêts, nous sommes partis pour la cordillère Vilcanota, dominée par l'Ausangate, située un peu plus loin, au sud-est. 

Point de départ, le village de Tinqui situé à 3800m d'altitude, objectif, l'un des plus hauts villages du monde, Phinaya, situé à 4700m, environ 80km plus loin.
D'après nos informations, il fallait entre 4 et 7 jours pour faire cette traversée, nous avions donc un paquet de nourriture, et les sacs pesaient lourd. 

Nous sommes arrivés à Tinqui un dimanche, jour de marché, véritable festival de couleurs et de tenues traditionnelles. La plupart des femmes de la région portent un chapeau qui ressemble à une espèce de parasol, assez étrange. 




La suite décrit la randonnée et ne vous passionera peut-être pas, mais c'est aussi une façon pour nous de nous en rappeler, ou cela vous permettra de préparer vos futures vacances !

Le premier jour était facile et superbe, une longue montée dans les champs, puis les alpages peuplés de lamas et d'alpagas, nous a conduit à 4400m, au pied de la face nord de l'Ausangate. En chemin nous nous sommes fait des potes, deux chiens qui nous ont suivi tout le long de la randonnée, nous avons baptisé le plus beau et intelligent Pachacutec, et l'autre Quipu, pour les noeuds dans les poils et sa désagréable habitude de croquer les crottes qui lui donnait une odeur épouvantable, gentil mais stupide. 


Retour de marché



Pachacutec veille... on sait jamais qu'un biscuit tombe de notre sac!

Stéphanie nous fait de bonnes pâtes

Face nord de l'Ausangate vue de la tente, sympa!

Petite désillusion à l'arrivée, des sources chaudes étaient censées alimenter des bains, mais voilà, les Péruviens n'étant doués ni en entretien, ni en maintenance, la source coulait mais les bassins étaient quasi vides, et l'ensemble dégueulasse. Nous avons donc mangé nos pâtes dans le froid et nous sommes vite glissés dans nos duvets.

Le deuxième jour nous rentrions dans le vif du sujet, avec 2 cols à passer. Le premier col, à 4700m nous a fait basculer dans une vallée beaucoup plus minérale parsemée de quelques zones herbeuses. Les ombres des nuages se promenant sur ce paysage quasi désertique apportaient un peu de mouvement dans ce monde immobile. Un petit ressaut plus tard, nous descendions dans une autre vallée surplombée par de beaux glaciers descendant de l'Ausangate, vers une jolie cascade. Quelques énormes rochers bariolés à contourner et nous déjeunions au bord de la laguna Jatun Pucacocha, joli lac turquoise surplombé par des glaciers. L'après-midi, nous avons longé la face sud de l'Ausangate par un sentier en balcon qui faisait face aux énormes glaciers qui tombent de la montagne dans de superbes lacs glaciaires. Quelques chiens agressifs nous ont cassé les pieds mais nous sommes arrivés au second col, à 4850m (plus haut que le Mont Blanc !) sans encombre. Nous avons croisé nos premiers randonneurs, des Français, qui nous ont indiqué un petit lac glaciaire caché. Nous avons donc fait le détour et n'avons pas été déçus, c'était superbe! Un peu de descente et la tente était plantée au bord de la laguna Ausangatecocha à 4650m d'altitude. La nuit fut rythmée par les chutes de séracs dans le lac et s'est révélée encore plus froide, tout était bien gelé le matin, la tente, la montagne et les chiens !


La mode est aux boucles d'oreilles colorées chez les lamas!




Laguna Jatun Pucacocha


De gros moutons? Non des alpagas!

On était juste a 4810m, un truc qui ne parle qu'aux Français !

Le lac caché




Le troisième jour commençait fort, par une montée bien raide pour atteindre le col Palomani, à 5100m. Encore une fois, la beauté de la vallée nous a fait oublier l'effort, des affleurements rouge brique et des dégradés de jaune illuminés par le soleil habillaient les montagnes environnantes. Une fois le col passé c'était encore plus spectaculaire, un énorme glacier tombait dans un lac rosé. Extasiée par ce beau paysage, Stéphanie s'arrêtait tous les 10 mètres, ce qui a fini par agacer un peu Nicolas, parce qu'il y avait encore de la route et un programme à tenir !
Nous sommes descendus dans une vallée sous notre première averse de grésil et avons pique-niqué entre deux troupeaux d'Alpagas. Nous avons ensuite essayé de couper un peu l'étape en passant tout droit, mais ça nous a sans doute pris autant de temps que de faire le détour prévu. Il a d'abord fallu trouver un passage dans un marécage où une paire de chiens vraiment agressifs nous ont donné du fil à retordre. Les chiens qui nous accompagnaient ont filé un bon coup de main à l'infanterie beaujolaise qui a chargé bâton de rando au clair permettant à l'avant-garde bretonne de passer la rivière sans encombre. Après le marécage et les chiens, nous nous sommes retrouvés dans une pente sans fin, sur des sentes utilisées par les alpagas, un peu casse-gueule pour nous. Ça nous a fait un col de plus, et finalement nous sommes arrivés dans une superbe vallée d'alpages et avons planté la tente à 4700m à Quilletta, juste à côté d'un groupe de randonneurs... encore des Français! Ils faisaient la randonnée en 9 jours, avec une agence, guide, cuisinier, muletiers, tentes montées le soir, etc. le grand luxe ! Ils étaient très sympas et nous ont invités à manger avec eux le soir. On a passé une chouette soirée, mais la cuisine "luxueuse" n'a pas trop réussi à Nicolas qui a été malade la nuit. Comme la nuit était encore plus froide que les précédentes, ça ne lui a pas trop plu de devoir s'extirper de la chaleur du sac de couchage et d'aller se geler sous les étoiles. 







 













Le lendemain matin tout allait mieux, le soleil brillait et nous avons remonté une large vallée pour atteindre le col du Condor, à 5220m d'altitude, le plus haut de la rando. Nous avons pique-niqué peu après et les choses se sont un peu gâtées lorsque, après un mini col de plus, une vraie tempête de neige nous est tombée dessus. Nous avons descendu une large vallée sous le blizzard, sans vraiment pouvoir se perdre, nous errions quand même un peu. Petit instant magique lorsque nous sommes tombés sur un petit lac où se trouvait un flamant rose qui a décollé pour se perdre dans le blizzard. Finalement, un berger sorti de sa cahute nous a indiqué la direction et nous avons atteint la rive de la laguna Sibinacocha, un grand lac de 27km2 situé à 4900m d'altitude. Stéphanie voulait continuer, et Nicolas en avait marre de marcher sous le blizzard, mais une petite éclaircie a emportée la décision, on a continué 3 heures ! Le paysage était encore fabuleux, tout blanc, des montagnes et un glacier entourant cet immense lac. Il nous fallait contourner le lac par le nord, ce qui impliquait de passer au pied d'un glacier, dans les collines morainiques qui faisaient penser à un terrain de motocross. De grosses rivières descendaient du glacier et nous avons eu beaucoup de mal pour les franchir. À la fin, Stéphanie était complètement gelée, les pieds trempés, parce que la dernière rivière à passer avait eu le dessus, la pause s'imposait ! Au bout de 10 heures de marche, nous avons donc trouvé un replat vers 4950m, monté la tente dans la neige à la lumière de la frontale, et essayé de faire sécher les chaussures de Stéphanie sur le réchaud, sans grand succès ! La nuit a été encore plus froide, la température était toujours largement négative mais nos duvets se sont encore montrés à la hauteur!

Dernière vue sur l'Ausangate

Le col du Condor en haut à gauche
  




Stéphanie aux sports d'hiver !
  

On a fini par camper au pied de la montagne de droite

La laguna Sibinacocha toute en longueur


Le lendemain matin, une pièce, qui nous permet de connecter nos bâtons de rando pour faire le mât du tipi a cassé, la poisse! Comme nous avions déjà bien avancé, nous avons donc décidé d'essayer de finir le jour même. Nous avons continué à longer le lac, puis avons franchi le col de Yayamari à 5040m et sommes arrivés dans une autre superbe vallée, très large, avec un grand lac au milieu, la laguna Ccasccara, où vivent de nombreux oiseaux. 



  
Un peu fatigué ce matin !



  


Montée vers le dernier col



En coulisses
  



Après la deuxième tempête de neige
  




La fin de la randonnée était simple sur le papier, une large vallée devant nous amener en 4 heures environ jusqu'à Phinaya, village d'arrivée oú nous devions dormir dans une auberge. Mais la vraie vie c'est pas comme ça !
Donc une deuxième tempête de neige nous est tombée dessus et nous avons passé 3 heures avec un blizzard glacé en pleine figure, à essayer de trouver le chemin. Il y avait régulièrement des cabanes de bergers qui nous ont orientés, mais nous avons dû passer et repasser une rivière, pour le plus grand déplaisir de Stéphanie. Finalement, après 9 heures de marche, nous sommes arrivés à Phinaya, où nous nous voyons déjà dans un lit, même spartiate...  Et voilà que les deux ralentis du cerveau qui servent de policiers nous disent, goguenards, qu'il n'y a plus d'auberge, rien, nada! Passée la surprise, nous leur demandons s'il n'y a pas une autre possibilité, mais à part les faire marrer, rien à tirer de ces ahuris. Une dame qui était à côté nous a proposé de venir chez elle, elle avait un coin pour nous faire dormir. En l'occurrence, nous nous sommes retrouvés dans la cave où elle stockait les balots de laine d'alpagas et de moutons. Il faisait froid et ça puait mais ça nous a dépanné. Le soir, les gamins de la famille, de vrais garnements, nous ont amenés à l'épicerie du village où une vieille dame, qui ne sentait pas la rose, nous a fait une assiette de poulet, pas mal, riz au goût de terre et pommes de terre immangeables. Puis, nous sommes allés nous coucher dans notre superbe suite.

Phinaya



Stephanie dans notre suite le matin, elle a une tête fatiguée, Nicolas aussi!


La nuit n'a pas été formidable et le matin, sans que l'on sache bien pourquoi, notre hôte ne nous parlait plus et était très distante. Nous avons offert nos 2 jours de provisions inutilisées et proposé de payer pour la nuit, ce qu'elle a refusé. Nous sommes donc allés (à 100 mètres), sur la place du village pour attendre le camion quotidien qui relie le village au reste du monde. Nous avons recroisé notre hôte qui a fait mine de ne pas nous voir... étrange ! Puis nous avons eu la chance d'avoir une place dans la cabine du camion. Sinon c'était dans la benne avec les autres villageois, accompagnés d'une quinzaine d'alpagas et de moutons. Le camion a sillonné la montagne pendant 3 heures sur des pistes magnifiques puis nous avons revu l'asphalte à Sicuani, pris un bus antédiluvien pendant encore 3 heures et sommes finalement arrivés à Cusco en soirée, fourbus.



On attend le camion du jour


En conclusion, cette randonnée est vraiment la plus belle que nous ayons faite. Chacun de ces 5 jours apportait de nouveaux paysages tout aussi magnifiques que les précédents. Le raté de la cordillère Huayhuash est vengé !

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