samedi 5 septembre 2015

Inca peut en cacher un autre

Notre dernière grande étape avant le Pérou a été la ville de Cuenca et le parc national de Cajas. Sans transition après les Galapagos, nous sommes ainsi passés de 0 à 4000 mètres d'altitude pour finalement atteindre Cuenca située à 2500 mètres. Ce petit yoyo d'altitudes n'a pas été sans effet sur nous, surtout pour Stéphanie qui, rappelons-le, vient d'un pays où le point le plus haut ne dépasse pas les 400 mètres... Mis à part quelques coups de fatigue, nous vous rassurons, rien de bien grave.

Cuenca est une ville à l'architecture coloniale dont le vieux centre fut, comme celui de Quito, classé au patrimoine de l'humanité. Nous avons trouvé cette ville jolie et très agréable à vivre. Il lui manque néanmoins ce quelque chose en plus qu'a Quito pour véritablement nous charmer. Nous avons quand même quelques beaux édifices à vous montrer, souvent des églises évidemment. Pour ses fameux patios, nous reviendrons, nous n'avons pas eu la chance de pouvoir en visiter.

Les dômes bleus de la catedral de la Inmaculada Concepción
El Sagrario


Iglesia de San Francisco

Iglesia de San Sebastian
Plaza de San Sebastian 
Cuenca, c'est aussi le siège d'un super musée notamment consacré à l'archéologie et l'ethnologie, le Museo del Banco Central. Ce musée a été l'occasion d'en savoir un peu plus sur les peuples indigènes de l'Equateur, et en particulier celui des Shuars, qui vivent en Amazonie et ont quelques rites qui ne nous ont pas laissés insensibles. Ces derniers ont en effet un petit pêché mignon qui consiste... à réduire des têtes! Cette coutume appelée des tsantzas (têtes réduites) et qui remonte à des milliers d'années, avait pour objet la vengeance. Pour se venger d'un ennemi, les Shuars se battaient ainsi avec lui jusqu'à la mort. Une fois tué, ils décapitaient ce dernier et, tout en veillant à bien emprisonner son esprit vengeur, faisaient réduire sa tête par principe de précaution ; enfermer l'esprit du mort à l'intérieur de sa petite tête évitait en effet toute vengeance de sa part. Plus le guerrier avait de tsantzas, plus il était censé avoir du pouvoir.

... Oui mais alors ma chère Maïté, que nous faut-il pour faire une bonne tsantza ? Une tête, donc, et un peu de temps puisque la préparation demande près d'une semaine.
Tout d'abord, entaillez la nuque et le cou afin d'ôter facilement le crâne. Puis, cousez soigneusement les yeux et la bouche. Mettez le tout à tremper dans une décoction de baies (l'idéal étant des cassis mais des mûres peuvent aussi faire l'affaire) pendant deux heures. Et surtout pas une minute de plus! Sinon votre tête risque de perdre ses cheveux et ce serait vraiment dommage. Une fois sortie de la décoction, la peau est alors sombre et sa texture rappelle celle du caoutchouc. La taille de la tête a aussi été réduite d'au moins un tiers. Puis, remplissez la tête de pierres chauffées. Surtout veillez à les introduire une à une en n'oubliant pas de les tourner sans arrêt, sinon c'est la tête brûlée garantie! Une fois la tête remplie, introduisez du sable pour combler les espaces. Cette opération sera à renouveler régulièrement. Ensuite, frottez la tête avec du charbon pour la rendre étanche et plus facilement modelable afin de conserver l'apparence originelle de la personne. Enfin, accrochez-la au dessus d'un feu pour la solidifier et la noircir...
Et voilà, le tour est joué!
Une petite astuce consiste à faire un trou sur le haut du crâne pour pouvoir la porter sur sa tête. A vous de voir, mais sachez que cette mode n'est plus très en vogue.
Depuis, l'État équatorien a interdit cette pratique. Désormais, le rite est seulement autorisé avec des têtes de chiffons, c'est quand même moins drôle!





Juste à côté du musée, se trouve le parc archéologique de Pumapungo. Avant d'être nommée Cuenca par les Espagnols, la ville s'appelait Tumebamba et Pumapungo était son centre administratif et religieux. Tumebamba a été fondée par les Cañaris, une civilisation qui a farouchement résisté aux Incas avant d'être intégrée à leur empire vers la fin du XVème siècle (on a souvent tendance à l'oublier mais avant les Espagnols, ce sont les Incas qui étaient les envahisseu0rs...). Y ayant vu le jour et ayant pris soin de détruire la ville des Cañaris pour mieux la reconstruire, l'Inca Huayna Capac chouchouta Tumebamba et la développa au point d'en faire la seconde capitale de son empire après Cuzco. Plus tard, les Cañaris, toujours hostiles aux Incas, et on peut le comprendre, se sont alliés au XVIème siècle aux Espagnols pour les combattre... C'est alors que le nouveau souverain inca, désigné par le conquistador Francisco Pizarro, ordonna la mort de tous ces "traîtres"... Elle est forte celle-là!
Puis pour une seconde fois, la ville fut détruite et ses pierres servirent à construire la ville coloniale de Cuenca.

Les vestiges incas de Pumapungo

A une quarataine de kilomètres de Cuenca, il y a le parc national de Cajas, connu pour ses innombrables lacs (un peu moins de 300) et son paramo, une sorte de steppe en touffes serrées que l'on retrouve dans le nord de la Cordillère des Andes (principalement en Equateur) et ceci à partir de 3200 mètres d'altitude.

Avec une telle description, difficile de ne pas y aller!

Levés à cinq heures du matin, nous avons bien l'intention de prendre le premier bus pour profiter au maximum du parc, les après-midis étant souvent pluvieuses dans les environs. Sauf que ce ne fut pas une mince affaire de trouver le bon bus! Entre le bus tardif menant à la gare routière, les personnes qui ne désignaient pas le même terminal et nous faisaient ainsi courir inlassablement d'un point à l'autre, et celles qui ne nous comprenaient pas: "Carasse? Carosse? Cajasse? Carasse quoi!", il nous a fallu plus de deux heures avant d'être sur la route menant au parc... Mais bon, ça en valait la peine!


Ça monte dur!



Une petite forêt de Polylepis, les arbres vivant le plus haut au monde

La particularité des Polylepis est d'avoir une écorce multicouche feuilletée

C'est si beau le paramo!



  

2 commentaires:

  1. Hola !
    Merci pour votre blog qui nous permet de vivre un bout de votre belle vadrouille ! Faut bien admettre que ça fait envie : vos photos sont magnifiques et vos commentaires bien sympa !
    J'ai été très surpris par le parc national de Cajas : les paysages m'ont fait penser à ...l'Ecosse ! Hormis les arbres évidemment!
    Bonne continuation: le Pérou...hé bien, il porte bien son nom, c'est le Pérou ! Je vous recommande particulièrement la traversée de la Vilcanota (ceci dit, je n'ai pas été dans la cordillère blanche...et ça semble pas mal aussi ! ;-)) et, pour aller à l'incontournable machu Picchu, le trek du Salkantay peut être une belle option !

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  2. Salut Edouard!
    Merci pour ces tuyaux, la Cordillère blanche est effectivement très jolie, mais l'Ausangate nous fait rêver également.
    L'Ecosse on ne connaît pas mais si ça ressemble au parc de Cajas ça nous donne encore plus envie d'y aller !
    A bientôt !

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